AMALTHEIA AZI-DAHAK ↘ black flower blossom.
w/ freida pinto. Les brûlantes danseuses éphémères se mouvaient dans la pénombre de la douce nuit, lançant sur leur passage des étoiles, qu’elles avaient amassé des yeux de leurs spectateurs, éclairant le temps d’un souffle. De cette lueur faiblarde, semblables aux lucioles voletant près des lacs, amoureuse perdue, se jetant du haut de la falaise pour finir ses jours, on pouvait distinguer des formes, des traits, des visages. Il y en avait deux. L’un dont le masque semblait être fait dans le marbre par un sculpteur quelconque, l’autre qui était une magnifique peinture, aux gestes fins, soignés, aux lèvres pulpeuses et aux yeux noirs comme les ailes d’un corbeau. Elle aurait put être la muse, l’enivrant plaisir de certains artistes. Mais elle n’était qu’une sauvageonne. Une pauvre femme tourmentée qu’il avait attrapée par hasard, pensant d’abord avoir affaire à une simple biche, inconsciente du danger qui planait près d’elle. Sa flèche, impitoyable aventurière, avait fendu l’air et les feuilles, pour se poser, en un baiser mortel, sur le bras de la belle, tranchant sa chair embrasée par les horreurs qu’elle avait vu. Le chasseur, fier de son coup, s’était précipité sur sa proie fébrile, qui avait poussé un cri terrible, mais à sa grande surprise, ce fut une majestueuse nymphe qu’il découvrit, là, agonisante et ensanglantée. Une personne à la peau léchée par les flammes...et dont la saveur devait être si...sucrée. Il crut qu’elle était sale, emplie de terre et de boue, mais non...elle était ainsi. Faite par le sable d’Orient, forgée par le feu la gorgeant. Conscient de la valeur que la jeune femme prendrait sur un marché ou même auprès du roi, lui-même, il la dépouilla de ses précieux objets dont il ignorait l’existence jusqu’alors, et l’attrapa sans aucuns remords, de son cercueil. Il l’avait repris, une nouvelle fois, à son peuple qu’elle allait rejoindre comme si elle n’appartenait plus à cette nation perdue. Il s’occupa d’elle très soigneusement, essayant de ne pas blesser ou tâcher de ses mains masculines la délicatesse et la beauté de cette sauvageonne. Elle ne parlait sa langue, elle serait donc une parfaite maitresse ! Impossible de révéler un secret, ou de dénoncer sa Majesté. Il avait là, devant ses yeux, l’argent qui le rendrait riche, pour toujours. Et pourtant, en ces ténèbres, un sentiment, qu’il n’avait jamais connu, l’envahi...quelque-chose mêlant la tristesse et l’amitié...de la compassion sans doute ? Oui, c’était cela, il avait pitié de celle qu’il voyait comme un animal depuis le début et qu’il attachait comme du bétail, avec une corde pittoresque. De cette naïve enfant, qui tentait d’apprendre son langage et qui lui offrait des voyages somptueux à travers ses récits saccadés d’attentes et d’hésitations. Il lui sourit. Simplement. Il se dénonça lui-même aux Dieux, qui l’observaient de leur trône d’argent à la lumière éblouissante. Il était humain...il avait un cœur qui battait et un esprit raisonnable. Elle était là, devant lui, accroupit comme une gamine émerveillée, lui tendant son poignée et léchant l’autre. Il était sali par un sang pur, par un sang qu’elle considérait comme divin et céleste. Non sans surprise, il saisit donc cette chair si fragile, et ce fut sa langue qui caressa la peau de la belle, amassant l’amer rubis liquide au passage, ce gout si étrange et agréable. Une explosion de saveur, mêlant le miel et le fer...la délicatesse de cette jouvencelle et la force de son caractère. Elle lui sourit en retour, sa bouche peinte de rouge, dont ce bijou qui ornait ses lèvres ruisselait déjà le long de son menton. Il n’en avait plus aucun doute, elle était cette sauvage que les gens hurlaient et détestaient. Cette merveilleuse bête innocente, qui avait tant de contes et légendes à lui narrer...cette simple jeune femme qui rêvait un peu trop. Et ce fut donc depuis cette fameuse nuit, qu’ils furent liés, par ce vin venu d’ailleurs, sans avoir réussi à s’apprivoiser d’abord. Il était la glace, et elle le feu. Elle s’incrustant dans ses pores et mordant son âme. Lui, la poignardant sans cesse et la glaçant au passage, jusqu’aux os. Mais dans tous les cas, ils avaient conquis une part de l’un comme de l’autre...