Sujet: ❝ Hear me roar, your Majesty ... ❞ ♆ Leann Jeu 5 Sep - 20:56
Vivre à la cour royale était une grande chance, et, en quelque sorte, un privilège, dès lors que l'on n'était pas issu du beau monde, de la noblesse, donc. Eulalie pouvait passer de très longues minutes à observer la ville, postée sur l'un des chemins de sentinelle, le long des remparts. Elle observait tous ces habitants, aller et venir, tels de petites fourmis. Elle observait, plus loin, grâce à la hauteur à laquelle elle était perchée, les campagnes alentour. Eulalie avait toujours eu cet attrait pour la nature. Il s'agissait sans doute pour elle d'aller au delà de ce qui polluait l'espace visuel. Une sorte de retour au brut, au basique, au sauvage, à ce qu'avaient été les Etats de Gwelnaur avant que ses habitants ne se mettent à bâtir des villes, et à se croire supérieurs sur la nature. Son père avait veillé à ce qu'Eulalie, ainsi que ses frères et sœurs, n'ignorent rien de la réalité des choses, de la puissance que détenait, envers et contre tout et tous, la nature. Il leur racontait ses récits de voyage, lui, le marin, qui parcourait si souvent les mers. Il leur racontait les tempêtes, les vagues déferlantes, l'océan qui roulait, et grondait. Le calme plat, aussi, et la mer d'huile. Mais Eulalie n'avait jamais eu un aussi beau panorama sous les yeux que de là haut, sur les chemins de sentinelle, au palais. Elle se plaisait à vivre ici, et ne passait pas ses journées enfermées, sauf lorsqu'être enfermée signifiait défaire encore et encore les draps de son lit à cause de l'endurance et des ardeurs d'Amras.
Mais dans cette vie très plaisante, il y avait une ombre au tableau. Et cette ombre, qui venait un peu tout ternir, et qui semblait roder, sans cesse, portait un nom, ou plutôt, un prénom : Leann. Leann Gwelnaur, épouse d'Amras Gwelnaur. Leann Gwelnaur, reine des Etats de Gwelnaur de par son mariage. Elle aussi, d'une certaine façon, devait tant à Amras. Eulalie n'irait cependant pas jusqu'à dire qu'elles étaient semblables dans leurs dissemblances, et qu'elles avaient simplement emprunté des chemins différents dans la vie. Mais puisque tant de personnes résumait sa position au simple fait qu'elle ouvrait ses cuisses pour Amras et que c'était la seule raison pour laquelle elle occupait la place qu'elle occupait aujourd'hui, et bien, soit. Mais dès lors, il ne faudrait pas oublier de rendre la pareille concernant Leann. Dans le fond, Eulalie n'avait rien contre la reine, du moins en avait-il été ainsi au tout début, lorsqu'elle était encore la maîtresse d'Amras depuis peu. Ensuite ... Ensuite, Leann n'avait fait absolument aucun effort la concernant, et n'était même pas passée au stade de l'ignorance. Et comme Eulalie ne se laissait pas marcher sur les pieds sans rien dire, elle avait adapté sa position. Non sans oublier, cependant, le rapport de hiérarchie. Elle savait très bien qu'une favorite se répudie plus facilement et rapidement qu'une reine. Dès lors, cela l'amenait à se comporter avec la plus grande des prudences, la plupart du temps, alors qu'elle devait se brider, et laisser échapper ses pensées orageuses dès lors que Leann n'était plus à portée de vue. De fait, Eulalie préférait donc fuir la présence de la reine, car elle estimait qu'il en allait bien mieux ainsi pour tout le monde. Mais malgré la grandeur du palais, certaines rencontres ne peuvent visiblement être évitée. Même en des lieux où on s'attendrait peu à trouver deux femmes.
Eulalie avait une grande passion pour les chevaux, ainsi que pour les chiens. Il y avait un feeling entre eux, quelque chose d'assez inexplicable. Toute petite, déjà, elle surprenait son monde en étant capable de calmer les ruades de chevaux très énervés et récalcitrant, rien qu'à leur flattant l'encolure et en leur glissant quelques mots. Elle aimait la chaleur et la douceur de leur robe sous ses doigts, la fièvre et la vitalité qui les animait. Alors dès qu'elle le pouvait, comme aujourd'hui, elle se rendait près des écuries, en observant ce qui s'y passait, à l'abri sous les arcades entourant la cour dans laquelle, comme aujourd'hui, les palefreniers faisaient marcher, au pas, les différents chevaux, soit pour tester leurs nouveaux fers, soit pour leur faire faire un peu d'exercice, tout simplement. Cependant, aux yeux d'Eulalie, certaines montures surpassaient toutes les autres de par leur beauté, leur grâce, et leur majesté : celles d'Amras. Et n'y voyez aucune volonté de cirer les bottes de son royal amant, loin de là. Mais rares étaient ceux autorisés à approcher ces trois chevaux. Amras n'étant pas dans les environs, du moins, pas encore, Eulalie devrait donc se passer de leur vision. Mais une toute autre vision s'annonçait à elle. Elle la sentit, avant de la voir. Leann. Comme si, soudain, une chape de plomb s'était abattue sur les épaules de la favorite, qui tourna la tête, après avoir discrètement soupiré. Sa révérence fut impeccable, quoi que sans doute trop impeccable pour être sincère. Une révérence obligatoire, si elle ne voulait pas qu'on lui mette la fessée.
❝ Reine Leann ❞ Eulalie avait une règle : jamais de pronom personnel possessif à la première personne du singulier, dès lors qu'elle s'adressait à Leann. Une façon, pour elle, de reconnaître le rang et le titre de sa vis à vis, sans se présenter derechef comme étant l'une des sujettes de Madame la Reine. Et lorsqu'elle parlait d'elle, il lui arrivait, aussi, de l'évoquer en la rapprochant d'Amras : Leann était ainsi ❝ l'épouse du roi Amras ❞, et parfois même était-elle ❝ la mère de la Princesse Ariana ❞ ...
◭ Leann Gwelnaur
▽ parchemins. : 33
Sujet: Re: ❝ Hear me roar, your Majesty ... ❞ ♆ Leann Lun 9 Sep - 16:04
Hear me roar your majesty
Le soleil se levait à peine, le sommeil me quittait petit à petit quand je sentis ses lèvres sur mon visage. Je me rapprochais de son contact et ouvrait doucement les yeux. Il était là, juste au-dessus de moi, ce sourire que j’étais la seule à connaitre accroché à ses lèvres. Je m’étirais doucement et regardais Amras qui était déjà prêt à partir, une nouvelle journée allait commencer.
« Réveille-toi ma douce. »
Je m’éveillais et appréciais sa présence au petit matin. Je souriais.
« Tu dois déjà t’en aller ? »
J’aurais voulu passer plus de temps avec lui, entre ses bras, mais le devoir passait avant tout. Il soupira et s’avança pour poser un baiser sur mes lèvres, avant de murmurer à quelques centimètres de celle-ci.
« Il le faut, ne me tente pas. »
Un dernier baiser et il était parti. Il était le roi il avait tant à faire. Je le retrouverais une fois la nuit tombée.
Ma journée commençait comme toutes les autres, une armée de domestiques s’affairaient autour de moi pour m’aider à me préparer et ensuite m’inonder de questions de toute sorte sur la gestion du palais. Ils avaient l’air tous si paniqués. Ils craignaient leur souverain et ne voulaient en aucun cas faire un pas de travers. Je faisais en sorte que tout soit toujours parfait. Je n’avais aucune envie de m’impliquer dans les affaires d’état, tout cela revenait à Amras, il n’avait pas besoin que je vienne mettre mon nez dans ses affaires. Non, je m’occupais du palais, des domestiques, il y avait tant à faire. Je voulais que mon époux se sente bien, chez lui.
Après de longues heures à régler les problèmes de chacun je réussis enfin à m’échapper et à rejoindre les écuries sans que personne ne me suive. J’avais besoin de me retrouver seule, de respirer, de me changer les idées. Les chevaux avaient toujours eu cet effet apaisant sur moi, je me sentais sereine. Depuis que j’étais enfant les chevaux étaient mon seul moyen de m’évader. L’écurie royale était remplie de véritables joyaux, les chevaux étaient sublimes, uniques. Mais la perle de ce trésor restait les chevaux personnels de Amras. Il en prenait grand soin et les traitait bien mieux que sa propre fille, à mon plus grand regret. Je crois que les chevaux l’apaisait lui aussi, il entre en communion avec ses compagnons. Très peu de personnes avaient l’autorisation d’approcher ses chevaux, j’en faisais partie. Ils étaient dans une partie isolée des écuries, sous bonne garde. Le garde me salua et me laissa entrer. Je m’avançais doucement d’abord vers amriel, il était le cheval de combat de mon mari, un pur étalon magnifique, fort et je sais qu’il avait sauvé la vie du roi à maintes reprises. Je lui caressais les naseaux et lui donnais à manger dans le creux de ma main. Je me dirigeais ensuite vers ithuriel, un poulain que Amras avait trouvé et débourré lui-même, une bête magnifique. Puis, il y avait uriel, une jument, elle était en la possession d’Amras depuis des années, je l’avais pratiquement toujours connue. Je lui flattais l’encolure.
Après avoir passée plusieurs heures avec le chevaux à les nourrir, les brosser et leur faire faire un peu d’exercice, je quittais les écuries. Je ne m’attendais pas à faire une rencontre, du moins pas cette rencontre. Eulalie était là, la favorite de mon époux. Je soupirais, je ne pouvais guère le détourner, ce serait le comble de l’impolitesse et je n’étais pas comme ca. Je n’aimais pas cette femme, comment le pourrais-je ?! Je ne l’aimais pas pour qui elle était mais pour son rôle auprès de mon époux. Comment pourrais-je apprécier la femme qui couche avec mon mari, j’en étais tout bonnement incapable. La jalousie me dévorait. J’avais gardé le silence jusqu’ici mais je commençais à en avoir assez, un jour tout finirait par éclater je le savais.
Elle s’approcha de moi et me salua comme le protocole le voulait. Je lui fis un simple signe de tête.
« Eulalie… »
Que pouvais-je dire d’autre ?! Je ne voulais pas me montrer blessante, pas tout de suite, je devais essayer de garder le contrôle de mes nerfs.
Sujet: Re: ❝ Hear me roar, your Majesty ... ❞ ♆ Leann Lun 9 Sep - 23:40
La relative foule et le bruit ne faisaient pas peur à Eulalie. Après tout, elle était née en plein milieu de la plus grande ville portuaire des États de Gwelnaur, à savoir Til Garhyt. Là bas, il y avait toujours eu beaucoup de monde, et autant de personnes de passage que de réels habitants. Tout y était toujours en mouvement, en perpétuelle évolution, et en éternel changement. Les hommes embarquaient sur leurs navires, pour repartir dans leur province d'origine, pour partir travailler en mer, ou tout simplement pour aller faire du commerce avec les puissances voisines. Les femmes s'occupaient des enfants, ou accompagnaient leurs époux dans les périples que ceux-ci entreprenaient. Les enfants, eux, courraient partout dans les rues, apprenaient très tôt à se débrouiller seuls, et à faire face au danger, par eux-même. Eulalie faisait partie de ceux là. Pourvue de trois frères, dont Kevan, son aîné, elle avait très vite appris à ne pas toujours compter sur les autres. Elle avait appris à aller au devant des dangers, sans savoir, malheureusement, sans doute, s'abstenir de les chercher de temps en temps. Elle savait se débrouiller de ses dix doigts pour faire autre chose que du canevas, comme tant de femmes à la cour. Elle avait également appris à accepter la grandeur du monde, et la dangerosité de la nature. Ici, à Belithrael, elle était persuadée que la majorité des dames et autres femmes qu'elle connaissait et côtoyait à la cour était tout à fait capable de se noyer dans leur bain, et, pour ainsi dire, dans seulement quelques centimètres d'eau. Elle, elle avait appris à nager dans l'océan, avec les vagues qui viennent vous assommer par derrière la tête, et les courants qui décident de vous amener là où ils ont décidé de vous amener. Cela lui avait appris à surmonter certaines de ses peurs, et à ne pas courber l'échine devant la menace. Que cette menace provienne de la nature, ou de l'espèce humaine elle-même. Y compris de la Reine elle-même.
Eulalie se retint de justesse de lever les yeux au ciel face au visage que lui opposait Leann. Sérieusement, elle savait que, pour la Reine, elle devait être semblable à une énorme épine de rosier dans le pied, mais était-ce vraiment la peine que la principale concernée le lui rappelle à chaque fois ? En tout cas, la favorite devait bien lui reconnaître sa politesse de mise. Mais, après tout, elle aussi se comportait de la même façon, alors ... Cependant, la question de Leann la laissa un peu songeuse, et la fit arquer un sourcil interrogateur. Déplissant sa robe d'une main distraite, Eulalie préféra observer les environs, avant de répondre. Pas qu'elle cherche à traquer toute oreille indiscrète, simplement qu'elle estimait juste pouvoir s'accorder de revenir quelque peu à ses contemplations précédentes. De toute façon, connaissant la Reine, celle-ci ne partirait pas tant qu'elle n'aurait pas obtenu de réponse à sa question, aussi étrange cette dernière puisse paraître de par sa normalité. Eulalie le savait, Leann se fichait bien, dans le fond, de savoir ce qu'elle faisait ici. De plus, la relative politesse et curiosité de sa question était, à n'en pas douter, un leurre. Une formule de politesse, sans réelle véracité dans les propos.
❝ Être en ces lieux me détend. Une récupération physique et mentale comme une autre, je suppose, qui suivent des activités bien plus intenses et harassantes ... ❞ Une façon comme une autre, pour elle, de rappeler à quel point Amras savait vous épuiser au lit ... Mais sans doute Leann ignorait-elle entièrement tout cela, ou plutôt peut-être n'était-elle pas en mesure de bien comprendre l'idée. A ce qu'en savait Eulalie, après tout, Amras était un homme tout différent dans les bras de Leann. Enfin bon. ❝ J’espérais également éventuellement pouvoir m'occuper un peu de Stavros. ❞
Stavros était un étalon, ou plutôt, une licorne, et avait été ramené des Terres sans Nom par un riche bourgeois, qui n'avait su l'apprivoiser et l'avait alors donné à Himakos, le père d'Eulalie. L'échange, qui soldait une dette due pourtant bien moindre par rapport au prix de l'animal, c'était fait sans condition autre que d'être débarrassé de cet animal qui avait déjà brisé les côtes du meilleur palefrenier du bourgeois, après une ruade. Stavros était en effet un animal doté d'un fort caractère, et très peu prompt à se laisser imposer un maître. Alors, il ruait, encore et encore, et son apparence physique ne faisait rien pour amoindrir l'image du risque encouru si l'on s'approchait un peu trop près de lui sans son consentement. Sa robe était en effet d'un noir d'ébène, et sur son front trônait une corne d'un gris argenté. Himakos en avait fait présent à sa fille, pour ses 15 ans, plus parce qu'il se savait incapable de gérer l'animal que pour réellement en faire présent à Eulalie. A ce jour, la favorite royale considérait l'animal comme l'une de ses possessions les plus précieuses, et savait à quel point elle se devait d'être reconnaissante envers Amras qui avait autorisé à ce que Stavros soit placé dans les écuries du palais. Avec l'âge, l'étalon s'était légèrement adouci, mais il restait un brin sauvage. Eulalie, elle, avait réussi à lui faire comprendre qu'en tout cas, elle était sa propriétaire, et sa maîtresse, et qu'il n'avait pas intérêt à la faire chuter lorsqu'elle le chevauchait. Car la jeune femme avait beau être une assez bonne cavalière, elle savait qu'elle était loin d'être à l'abri d'une chute. D'autant plus que, désormais, aux vues de son statut, elle ne pouvait plus monter qu'en amazone. Elle n'était plus à Til Garhyt, où les gens se fichaient bien de savoir si une fille du peuple montait comme un homme ou pas. Et en amazone, Eulalie se sentait moins bien ...
❝ En ce qui vous concerne, je vois que vous avez trouvé un moment de votre emploi du temps si "chargé" ❞ et autrement peu passionnant, à l'exception de certaines tâches ... ❝ pour vous aventurer jusque par ici. ❞
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Sujet: Re: ❝ Hear me roar, your Majesty ... ❞ ♆ Leann