Encore une journée qui s’achevait, la nuit tombait sur Belithrael, plongeant la capitale du Gwelnaur dans l’obscurité. La journée était passé vite comme chaque jour. Beaucoup choses avaient besoin d’être réglées, beaucoup de directives à donner et de domestiques à aiguiller. Tel était mon devoir en tant que reine de ce royaume. La politique ne m’intéressait guère, ce n’était pas une affaire de femme. Amras était bien plus à même de s’en occuper sans mon aide. Cet après-midi je m’étais rendue dans les quartiers pauvres de la cité, j’avais quitté mon palais doré. J’essayais de rendre visite le plus souvent aux défavorisés, aux orphelins. Ils n’avaient pas notre chance, ma chance, je devais les aider ou leur apporter un peu de joie. Comme chaque fois j’étais escortée d’une horde de soldat. Je n’aimais pas ca et je tentais toujours de leur échapper sans grand succès. Les soldats effrayaient les gens. Mais Amras m’imposait cette escorte pour ma sécurité, je ne pouvais guère la refuser.

Le soir était venu et il était l’heure de diner. Comme chaque soir nous partagions ce repas en famille, Amras, Ariana et moi. Et parfois quelques invités privilégiés. Mais ce soir il n’y avait que ma fille et moi, nous attendions Amras. Le bout de la table était vide, le repas en suspens en attente du maitre du château. Je voyais ma fille s’impatienter.

« Nous n’avons pas besoin de lui pour dîner. »

Elle n’avait pas tord je soupirais. Nous ne pouvions guère commencer sans lui, il le prendrait vraiment mal.

« S’il te plait Ariana, attendons encore un peu. »

Je vis bien que cette nouvelle ne lui plu pas, mais tant pis. Au bout de longues minutes la porte finit par s’ouvrir mais pas sur la personne attendue. C’était la majordome de mon époux, je soupirais.

« Majesté, Princesse, le roi Amras vous prie de l’excuser mais une affaire urgente le retiens et il ne pourra pas se joindre à vous pour le dîner. »

Je le remerciais d’un signe de tête, alors que ma fille commençait déjà à manger. Je soupirais, j’espérais vraiment que c’était les affaires du royaume qui le retenait et non une paire de jupons. Je savais pertinemment qu’il voyait une autre femme, je n’avais rien dit jusqu’ici, j’étais restée silencieuse mais mes nerfs ne tiendraient pas plus longtemps. Je ne pourrais supporter qu’il me délaisse, qu’il nous délaisse pour sa maîtresse ! Ariana leva alors la tête vers moi.

« Vous ne mangez pas mère ? »

Je soupirais et tentais de lui sourire pour la rassurer.

« Je n’ai pas faim, ce n’est rien. »

Le dîner se termina calmement, un moment entre mère et fille. Je finis par regagner mes appartements, sans savoir si mon époux me ferait l’honneur de me rejoindre. Ne pas savoir où il était réellement me rendait folle. Je l’imaginais entre les draps de cette femme… Je quittais ma robe pour ne garder qu’une chemise presque translucide. J’enlevais les épingles de mes cheveux avant de les brosser longuement. Toujours aucun signe de mon époux. Je me résous donc à l’attendre. Je m’installe sur notre lit, décidée à attendre son retour. Mais le sommeil se fait sentir, mes paupières se font lourdes et je finis par tomber dans les bras de Morphée…