Le soleil se levait, traversant les fenêtres de sa chambre. Les rayons effleuraient sa couverture, l’obligeant à sortir de son lit lorsqu’il eut trop chaud. Il attrapa son poignard qu’il ne quittait pas, sait-on jamais, et rejoignit les quelques chevaliers déjà levés. Certains avaient veillé toute la nuit afin d’assurer la sécurité du château et de la capitale. Lui avait eu la chance de dormir tranquillement. On ne pouvait pas réellement parler de chance, s’il avait souhaité dormir toutes les nuits sur ses deux oreilles, il aurait choisi de siéger aux côtés du roi en tant que membre de la famille royale. Il ne l’avait pas fait, préférant de loin travailler et faire ses preuves. Il avala le bout de pain auquel il avait le droit, ainsi que quelques grains de raisins. Une longue matinée l’attendait. Pas de celles où il s’entrainait pendant des heures, où il parcourait les rues dans son armure, où il assistait au défilé du peuple, ni de celles où il devait siéger à un conseil militaire. C’était une de celles où il pouvait penser librement à la manière dont il occuperait ses heures de liberté. Déjà, il se devait d’entretenir sa lame à la forge qu’il essayerait immédiatement après avec un entraînement. Il avait également dans l’idée de se promener comme il aimait le faire, visitant la capitale et s’enivrant de l’ambiance. Il savait que la tranquillité apparente n’était qu’une illusion. Bientôt, des combats se dérouleraient dans l’ombre et alors, il n'aurait plus le temps de se balader. Il pensait à la reine dont il devait débarrasser le roi.
Il la voyait d’un mauvais œil. Et il n’était pas le seul. Il avait trouvé chez Elijah un allié. Sans son cousin, Ahmir n’aurait pas osé fomenter des plans contre la reine. C’était une personnalité intouchable. D’autant plus quand l’on connaissait le pouvoir qu’elle exerçait sur le roi. Il fallait mener une offensive et rapidement. Il avait d’ailleurs l’intention de rencontrer Elijah à ce sujet. Peu de personnes connaissaient leur volonté de renverser la reine. En réalité, elles se comptaient sur les doigts d’une main. Moins ils étaient à le savoir, moins il était dangereux pour les deux cousins d’agir. Ce qu’ils souhaitaient faire demandait une minutie, une précision et des preuves qu’ils ne pourraient obtenir qu’avec le temps. Il termina sa coupe qu’il reposa avant de retourner dans sa chambre afin de s’équiper un minimum. Entrainement voulait dire mise en situation réelle. Une fois ceci fait, il descendit dans la cour du château où avaient lieu leurs entraînements. En levant les yeux vers les murs de la forteresse, il aperçut quelques enfants et courtisanes qui les épiaient. Les chevaliers avaient une espèce d’aura qui attirait les curieux. Il n’était pas rare d’avoir des spectateurs quand ils maniaient épée, lance et arc de flèche. Les chevaliers étaient probablement fascinants. Cela venait peut-être du rôle qui leur incombait et du symbole qu’ils représentaient. La puissance, le pouvoir, la force, la sécurité. Ils étaient tout cela à la fois. Ils étaient présents afin de protéger le peuple contre les ennemis mais aussi contre lui-même. Sans eux, l’ordre ne régnerait pas dans les rues.
Ahmir leur adressa un signe de la tête avant de se détourner d’eux. S’ils pouvaient susciter des vocations chez les plus jeunes, c’était toujours cela de pris. Le royaume avait toujours besoin de chevaliers. Il se concentra sur l’homme qui lui faisait face. Habiller de la tête aux pieds de son armure, l'homme pouvait paraitre impressionnant mais Ahmir connaissait les faiblesses de cet équipement. La lourdeur, la chaleur, le manque de confort et d’aisance des mouvements. Ahmir portait cette même armure à chacune des sorties officielles militaires. Savoir se battre contre et avec était donc essentiel à sa survie. Il attrapa la lance que lui tendit un de ses camarades, gardant son épée ceinte à sa taille. Son père le disait doué mais il fallait dire qu’il avait grandi avec une épée dans la main et une flèche dans l’autre. Ahmir avait plongé dans ce milieu tête baissé et l’enthousiasme débordant, a contrario de son petit frère qui avait préféré la vie bohème des artistes. Il avait probablement plus hérité de leur mère qui aimait les livres que de leur père. Ahmir lui-même appréciait la lecture des ouvrages sur la guerre, sur les stratégies. Il ne s’éloignait pas de son domaine de prédilection. Cette fois-ci, il eut un peu plus de mal à se défaire de son adversaire. Ils finirent cependant par s’arrêter après plusieurs dizaines de minutes. Personne n’avait perdu, personne n’avait gagné. Il donna une claque dans le dos de l’homme qui venait d’affronter et retourna à l’intérieur du château. Il goûta à la fraicheur qui régnait dans les couloirs. Il entra dans sa chambre où il effaça les traces de l’effort physique.
Il enfila une tunique plus légère qu’il destinait à ses apparitions à la cour. Il sangla également son épée à sa taille. Une fois qu’Ahmir fut prêt, il dévala les escaliers, manquant de percuter le corps gracile d’Arwen. Le blond clair de sa chevelure ne trahissait pas son identité. Elle était la seule au château à avoir cette teinte. D’où elle lui venait, Ahmir n’aurait su dire. Il esquissa un sourire. « Ma Dame. » Il s’inclina légèrement en avant en signe de salut. La femme de la Main du roi était à respecter. Ahmir se considérait davantage chevalier que cousin du roi et ne se formalisait pas de cette affiliation sanguine. De plus, Arwen était devenue bien plus que l’épouse de la Main, elle était devenue une amie, il lui montrait donc tout le respect qu'il lui dévouait. Il devait avouer qu’elle avait du tempérament pour avoir appris à manier des armes qu’aucune femme du pays n’osait toucher. On ne pouvait pas demander mieux de la part de l’épouse du chef des armées. « Je m’apprêtai à parcourir la capitale. Ma Dame souhaite-elle se joindre à moi ? » Il ne savait pas ce qu’elle avait déjà découvert en dehors du château ou si elle comptait effectuer une quelconque promenade seule mais de la compagnie était toujours agréable. D’autant plus quand il y avait tant de points communs entre deux personnes.
Sujet: Re: Walk & Discuss ► Arwen Jeu 12 Sep - 9:03
Walk & Discuss
Ses paupières étaient à peine entre-ouvertes et elle parvenait déjà à percevoir la clarté régnant dans la pièce. Le soleil entrait par l'une des énormes fenêtres, inondant ainsi la grande chambre d'une lumière jaunâtre. Arwen aimait cette sensation de chaleur au levé du jour. Elle se redressa, remarquant que son mari n'était plus dans le lit, cette fois-ci elle ne s'était pas réveillée. Elle passa l'une de ses mains fragiles à l'endroit où son corps avait laissé sa chaleur. Un sourire se dessina sur son visage d'un blanc surprenant, elle imagina Budir dans son armure qui lui donnait une si belle allure. Une de ses servantes ne tarda pas à entrer, apportant avec elle du linge propre et une brosse à cheveux. La jeune femme se fit aider pour se déshabiller, sa robe de nuit d'un beige sablonneux glissa bientôt le long de ses jambes fines. La jeune femme n'avait aucunement l'habitude d'être ainsi assistée, mais être la femme de la Main du Roi, signifiait qu'on avait beau nombre de servants prêt à se couper en quatre pour vous rendre service. Cette idée ne lui déplaisait pas tant que ça au final, cela lui permettait de faire une considérable économie de temps et d'être en permanence apprêtée, comme le devait une femme de son rang.
Une fois sa nouvelle robe passée, Arwen s'assit sur un chaise, celle-ci se trouvait en face de la coiffeuse. Comme tous les matins, la main d'Aria, d'une délicatesse sans nom, commença à lui brosser les cheveux. La jeune femme prenait un énorme plaisir à se faire peigner chaque jour, il s'agissait là de son petit plaisir personnel et elle ne voulait y couper. Un air satisfait se dessina sur son visage, elle ne tarda pas à se lever, s'admirant dans l'un des innombrables miroirs. Tournoyant, les voiles de sa robe rose suivaient son corps à la perfection. Le tissu ondulait, alors que la jeune femme continuait de tourner pendant encore quelques secondes. Elle se stoppa net, décidant qu'il était largement temps de se nourrir. Arwen passa la porte et arriva dans l'autre pièce qui composait les appartements de la Main du Roi. Encore plus grande que la précédente, on pouvait y trouver de nombreux fauteuils, tables et chaises. Sur la desserte centrale était déjà disposée de la pitance; fruits, pain et autres aliments nécessaire à la bonne alimentation de la jeune mariée. Elle s'assit et attrapa une pomme, qu'elle croqua à pleine dent.
***
Arpentant les couloirs, la jeune Arwen descendait fièrement les escaliers de pierres, sa robe virevoltait de gauche à droite à la mesure de ses pas. Elle fredonnait la berceuse que son père avait l'habitude de lui chanter lorsqu'elle fût percutée par une masse solide. Se retournant, elle reconnu immédiatement la carrure robuste du jeune Ahmir. "Ma dame." Elle lui sourit et le salua à son tour en effectuant une légère révérence. "Messire." La jeune femme avait l'habitude de croiser le chevalier dans les couloirs et dans les réceptions. Ahmir était également conseiller et cousin de Roi ce qui le mettait souvent en relation avec Budir. Bien qu'assez timide, Arwen avait directement vue en la personne d'Ahmir, un homme bon et aimable qui allait rapidement devenir un ami. " Je m’apprêtai à parcourir la capitale. Ma Dame souhaite-elle se joindre à moi ?" Le temps qu'ils passaient ensemble était généralement destiné aux entraînements ou aux ballades, c'est alors avec plaisir qu'elle accepta sa requête. "Comme toujours, c'est avec plaisir que je vous accompagnerai mon cher Ahmir." Elle s'inclina à nouveau, comme le protocole le désirait et continua d'avancer, rapidement suivit par son ami. "D'autant plus que le temps est idéal pour une promenade." Souriante, elle se dirigea vers la sortie du château, elle aimait profiter d'une température aussi propice. Il arrivait d'ailleurs souvent à la jeune femme de se promener, accompagnée de quelques servants, dans la ville ou aux alentours, afin de jouir de ces endroits qu'elle aimait tant.
Il était évident que la jeune mariée aimait passer du temps en compagnie d'Ahmir, il s'agissait là d'un des seuls hommes au courant de son aptitude à manier l'épée. Elle aimait avoir des alliés auprès de la famille royale, surtout lorsqu'il s'agissait d'une amitié comme celle-ci. "Alors, quelles sont les nouvelles ?"
Sujet: Re: Walk & Discuss ► Arwen Jeu 19 Sep - 10:45
walk & discuss
Les promenades avaient un effet apaisant sur Ahmir. Il oubliait les complots, la dureté de son travail et les préoccupations. La tranquillité de ces balades agissait tel un baume sur son esprit. Il en revenait ainsi apaisé, après s’être plongé dans l’agitation et dans la contemplation de la capitale. Il ne se sentait pas mieux qu’ici, dans cette ville qu’il aimait. Il y avait grandi avec sa famille. Ses sœurs avaient parcouru ces mêmes rues, en chuchotant et en rigolant lorsqu’elles croisaient un bel homme. Son frère avait vêtu les habits d’un homme du peuple et s’était intégré à la population comme aucun Thoron n’aurait osé. Ahmir avait lui-même traversé ces rues de nombreuses reprises. D’abord quand il n’avait encore que quelques années. Il y jouait ou accompagnait sa mère ainsi que ses sœurs lors de leur sortie, sérieux comme un pape. Il avait aussi fait des farces à certains commerçants qu’il n’appréciait pas particulièrement, le forçant à courir à travers les ruelles afin de fuir l’homme mécontent. Il connaissait chacune de ces rues, chacun de ces commerces. Cette connaissance faisait de lui l’un des meilleurs chevaliers du royaume. Il aimait Calendyr. Il était nostalgique de l’époque où il n’était encore qu’un enfant, loin des occupations d’un adulte. Un jour, ses propres enfants auraient les mêmes souvenirs que lui ou des différents aussi joyeux. Ahmir leur ferait découvrir la ville, leur montrerait ses secrets. Il serait heureux de les voir gambader ici et là, le sourire aux lèvres. Calendyr était la ville de son passé et de son futur. Elle contenait ses espoirs cachés.
Ainsi, il appréciait de passer quelques instants dans cette ville. Aujourd’hui, son regard avait changé. Il parcourait la ville, droit et sérieux. Il n’était plus le garçon de huit ans qu’il fut, il était maintenant chevalier, chargé de la protection du peuple et de la sécurité de la ville. Même en déposant son armure dans sa chambre, Ahmir ne pouvait s’empêcher de veiller au bon fonctionnement de la capitale. La compagnie d’un proche était toujours une manière de l’arracher à cette conscience professionnelle. « Messire » Arwen était une jolie femme, toute en délicatesse et en élégance. C’était à se demander où la Main avait pu trouver une si belle personne. Des traits fins, une blondeur de cheveux étonnante, une beauté à faire frémir les autres courtisanes. Elle détonait avec la lourdeur de la carrure de son mari et la force de son visage. Mais le plus étonnant était qu’Arwen était toute aussi étonnante. Elle faisait preuve d’une énergie et d’une force surprenante lorsqu’elle maniait une épée. Elle en devenait redoutable. La personne qui la sous-estimait avait tort car elle était douée. Ahmir avait testé sa résistance lors d’un combat quand elle était arrivée au château. Il avait entendu parler de sa capacité à combattre et n’avait pas été déçu. L’homme qui oserait l’attaquer en pleine rue serait bien surpris. Arwen ne se laisserait sûrement pas faire. Ce n’était pas les sœurs d’Ahmir qui se mettraient à apprendre l’épée ou même le tir à l’arc. Elles se préoccupaient bien plus de la dernière couleur à la mode.
« Comme toujours, c'est avec plaisir que je vous accompagnerai mon cher Ahmir. » Un léger sourire étira les lèvres du chevalier. Il était toujours appréciable d’avoir la compagnie d’Arwen et d’avoir une personne à qui parler. Il ne savait pas tout à fait s’il pouvait avoir confiance en elle. Elle était l’épouse de la Main du roi. Un mari qui avait juré fidélité et obéissance et qui serait susceptible de dévoiler bien des choses. Alors se confier à Arwen pouvait se révéler dangereux. Néanmoins, Ahmir connaissait la jeune femme. Il se doutait qu’elle méritait un minimum sa confiance mais il ne pouvait dire dans quel camp Budir était. Là était tout le problème. « D'autant plus que le temps est idéal pour une promenade. » Instinctivement, Ahmir leva les yeux au ciel. Il était d’un bleu pur, laissant les rayons du soleil chasser de la capitale les températures froides de ces derniers jours. C’était un temps réjouissant. Si Ahmir s’accommodait parfaitement aux fraiches journées de Calendyr, il appréciait la caresse du soleil sur sa peau. « Je ne peux que vous approuver. Le temps est agréable. » Il baissa de nouveau le regard sur la jeune femme. Il ne s’était jamais demandé ce que pouvait penser Budir de leurs rencontres. La Main et le chevalier se croisaient régulièrement et siégeaient à la même table, cependant, ils n’avaient pas de relation poussée. Ils se saluaient poliment, se souriaient ou approuvaient l’autre lorsqu’ils partageaient la même opinion. Cela s’arrêtait là. Alors que pouvait bien penser Budir ?
Il n’était probablement pas le dernier à connaitre la réputation d’Ahmir, de séducteur de la cour. Tout homme marié pouvait avoir des inquiétudes. Ahmir était respectueux et préférait encore approcher des femmes libres que des femmes mariées. Cela lui évitait des problèmes avec les époux concernés. Ainsi, il ne ferait jamais d’avances à Arwen. De toutes les manières, ils étaient devenus amis. Cela ne laissait donc pas de place à un autre type de relation. « Alors, quelles sont les nouvelles ? » Il avait une vie si tristement banale – si l’on omettait ses plans pour renverser la reine – qu’il ne savait que répondre à la jeune femme. Il se voyait peiné de l’avouer. Tout dans sa vie lui semblait routinier et dénué d’intérêt. Il n’était pas déprimé, simplement il ne savait pas ce qui pourrait bien intéresser Arwen. Elle qui vivait à Calendyr depuis seulement quelques temps avait probablement plus d’anecdotes et de découvertes à partager. « Il y en a peu, j’en ai bien peur. Mais il paraitrait que mon cousin Elijah soit sur le point de se marier. » Il eut une pensée pour Jon qui devait souffrir à cette idée. Il s’était épris d’une jeune femme destinée à se marier avec leur cousin. Si seulement cela n’avait été qu’une question de sentiments. Jon avait également pris l’honneur de la future mariée, lui soutirant un bien précieux qui jetterait l’opprobre sur sa famille si cela se découvrait. Mais cela, beaucoup l’ignorait encore.