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 Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point ✖ Gildric

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Alaïs Brimil

Alaïs Brimil
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▽ Je suis bien-aimé(e) à Elenath.:
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MessageSujet: Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point ✖ Gildric   Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point  ✖ Gildric Icon_minitimeVen 6 Sep - 16:44




Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point.

Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne se peut exprimer qu’en répondant : parce que c’était lui ; parce que c’était moi.


« Alaïs, tu ne peux pas faire ce que tu veux, tu m’entends ?! Hurle mon père, très en colère. JE suis encore le maître de ces terres !
-Sauf votre respect, vous êtes incapable de faire quoi que ce soit ! Et de toute façon, ma décision est prise.
-Une école... Que veux-tu leur apprendre ? Ce sont des va-nu-pieds et ils le resteront toute leur vie !!
-Ils ont droit à leur chance ! Puis, vous pouvez toujours hurler, la construction est déjà lancée. Réponds-je sur un ton légèrement froid.
-Par les Dieux, qu’ai-je fait pour mériter une fille pareille... Soupire mon père, exaspéré. »

Je préfère ne pas répondre à ça, mais je sens un léger tiraillement à ma poitrine. Je n’aime pas qu’il pense ça, je n’ai jamais voulu le décevoir, mais c’est ainsi, je ne peux pas effacer qui je suis juste pour lui plaire et plaire aux autres. Je croise mes bras contre ma poitrine et m’approche de la fenêtre de sa chambre pour regarder à l’extérieur.

« Qu’est-ce qui te déplaisait chez Walmor ? Il avait l’air très bien. Bien bâti, plutôt agréable à regarder...
-Arrogant et trop sûr de lui. Interromps-je mon père.
-De toute façon, tu leur trouves toujours des défauts ! A croire qu’aucun n’est assez bien pour toi !
-Je n’ai jamais dit ça, murmuré-je à mi-voix alors que je regarde par la fenêtre. Mon regard se pose sur Gildric qui traverse la cour d’un pas rapide, je soupir doucement. Je dois y aller père, on m’attend au village.
-Alaïs, tu ne pourras pas repousser l’inévitable encore longtemps. Tu devras te marier et j’espère que ton séjour à la Cour Royale te fera prendre conscience des réalités. N’oublie pas que je t’ai organisé une rencontre. Avec le cousin du Roi qui plus est ! »

Je lève les yeux au ciel en m’approchant de la porte de la chambre de mon père alors qu’il continue à me parler. A me faire la leçon plutôt. Ma main se pose sur la poignée de la porte qui s’abaisse avant même que j’amorce le mouvement. Elle s’ouvre sur Diter, l’intendant de mon père. Il s’incline bien bas mais je le regarde à peine, je ne l’aime pas. Je le déteste même et je dois avouer qu’avec lui, je fais un peu l’ingrate mais cela m’est égal. Je me presse dans le couloir et rapidement, j’entends les pas de Rixende derrière moi. Oui, elle est toujours dans les parages. En fait, elle n’est plus vraiment ma gouvernante, aujourd’hui elle est plus mon chaperon qu’autre chose... Et j’ai parfois franchement du mal à le supporter.

«Rixende, je dois sortir au village aujourd’hui. Tu as préparé mes affaires ?
-Encore ? Vous passez beaucoup de temps là-bas, ce n’est pas raisonnable ! Vous savoir seule sur la route...
-Enfin, ce n’est qu’à deux kilomètres Rixende, dis-je en roulant des yeux. Que crois-tu qui puisse m’arriver ? Puis je serai avec le docteur.
-Et l’apothicaire, rajoute Rixende sur un ton de reproche. Comme par hasard, à chaque fois que vous allez au village, il y est aussi !
-Ton imagination te joue des tours, Rixende ! M’écrié-je, de l’autre côté du paravent. »

Je retire ma robe que je pose en haut du paravent et attrape une nouvelle robe, plus simple et me laissant plus libre de mes mouvements. Je ressors et me mets dos à Rixende pour qu’elle vienne la lasser puis vais m’asseoir à ma coiffeuse. Ma gouvernante attrape ma brosse et commence à brosser mes longs cheveux bruns. Je nous regarde dans le miroir, avant de jeter un bref coup d’oeil vers la fenêtre. Si elle pouvait se dépêcher.
« Pas la peine de vous angoisser, il ne partira pas sans vous.
-Pardon ? Je ne vois pas de quoi tu veux parler, Rixende. Dis-je, en prenant un air incrédule.
-Allons, j’ai été jeune moi aussi. Gildric, je vois bien les regards et les sourires que vous lui adressez. Vous savez que cela ne vous apportera que de la souffrance. »

Je baisse mon regard, tripotant mon collier entre mes doigts. J’hoche brièvement de la tête, bien sûr que je le sais, je ne suis pas une idiote. Je me mords l’intérieur des joues, sentant mes yeux me piquer. Les doigts de Rixende glissent dans mes cheveux, s'emmêlent dans les deux tresses qu’elle attache ramène sur le côté et attache derrière ma tête, dégageant mon visage.

« As-tu bientôt terminé ?
-Oui, voilà. »

Rixende repose la brosse et je me lève rapidement pour mettre mes chaussures et attraper ma besace en cuir puis me dirige vers la porte.

« Dame Alaïs ? »

La porte légèrement entrouverte, je me retourne pour pouvoir regarder ma gouvernante.

« Oui ?
-Faites attention, dit-elle, d’un air entendu. »

Je sors de la chambre, je sais très bien de quoi elle veut parler et je ne veux pas en parler. Je ne veux même pas y penser. Je descends rapidement les escaliers en pierre. Je croise quelques serviteurs mais ne leur adresse qu’un rapidement hochement de tête, je n’ai pas le temps. Je traverse les cuisines et m’arrête au niveau de la porte, jetant un rapide coup d’oeil à l’extérieur. Il est là... Mon coeur se mettre à battre violemment dans ma poitrine et je prends une grande inspiration. Calme-toi Alaïs, calme-toi. Je remets une mèche de mes cheveux en place, lisse la jupe de ma robe et je prends enfin le courage de sortir dans la cour.

« Gildric ! L’interpelé-je en m’avançant vers lui, un sourire sur les lèvres. Te rends-tu au village ? Cela te dérange si je fais la route avec toi ? Je dois rejoindre le docteur au dispensaire. »

Mon coeur continue de battre à une vitesse folle, j’espère que mon sourire n’est pas trop niais... Ce n’est pas de ma faute si, à chaque fois que je suis en sa présence, je souris comme ça. J’ai beau me dire que c’est pure folie, je ne peux m’en empêcher, ce n’est pas de ma faute si mon coeur s’est épris de lui.

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Gildric Savary

Gildric Savary
“He who seeks vengeance must dig two graves : one for his enemy and one for himself.”
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MessageSujet: Re: Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point ✖ Gildric   Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point  ✖ Gildric Icon_minitimeDim 8 Sep - 16:32




Le coeur a ses raisons
que la raison ne connaît point.

J'avais toujours su que ma vie n'aurait rien d'un long fleuve tranquille. A l'instant où notre famille avait été anéantie, où mon père et moi avions été les seuls survivants et où nous avions fait vœu de dévouer notre vie à la vengeance, j'avais su que ma vie serait compliquée et difficile. Oui, je l'avais su mais j'avais été tellement loin de la vérité en fait... Ma vie était plus que compliquée : ma vie était un véritable chaos où rien, strictement rien n'était simple. Si je m'étais contenté de la vengeance, ça aurait été compliqué mais en même temps, ça aurait été simple dans le sens où j'aurais su où j'allais me diriger, où j'aurais su ce que j'allais faire. Pendant un temps, ça avait d'ailleurs été ça : jusqu'à ce que je ne tombe amoureux d'Alaïs. Cette chose qui s'était éveillée à l'intérieur de mon cœur et qui avait tout chamboulé, si seulement j'avais pu m'en débarrasser, ça aurait été beaucoup plus facile. J'aurais pu tuer son père quand j'en avais eu l'occasion, j'aurais pu commencer à accomplir notre vengeance. Cependant, j'avais reculé. Faible que j'étais d'être fou amoureux d'elle, j'avais reculé, je n'avais pas pu retirer la vie de son père et le chaos dans mon esprit avait empiré à partir de ce moment-là, à partir de cet instant où j'avais compris que mes sentiments pour elle étaient un frein à ma vengeance, en tout cas vis-à-vis de son père. Si je m'en prenais à quelqu'un qui n'était pas de sa famille, j'aimais à croire qu'elle ne serait pas affectée. Cependant, ici, au sein de ce château, nul ne pouvait être ignoré par Alaïs : elle serait forcément touchée d'une façon ou d'une autre. Quelle solution avais-je donc ? Oh, elle était toute trouvée en réalité : je devais partir.

Quitter le château, quitter la région : la quitter.

En étais-je capable ? Absolument pas. L'idée avait fait son apparition et je savais que c'était finalement ce que je devais faire mais à présent que j'en avais conscience, je devais apprendre à l'accepter et me préparer. Un jour viendrait où je serais capable de partir et ce jour-là, la vengeance allait reprendre ses droits. Ce n'était cependant pas à l'ordre du jour : l'ordre du jour d'ailleurs, quel était-il ? Ah oui : aller en forêt pour récupérer quelques plantes. Certaines étaient robustes et tenaient le choc toute l'année durant et souvent, leurs propriétés étaient particulièrement intéressantes. Pour cela, j'étais toujours prévoyant comme mon père me l'avait enseigné : dès l'instant où leur quantité commençait à trop s'amenuiser, je devais aller en rechercher de façon à être toujours prêt à parer à toute éventualité et surtout, surtout ne jamais être pris au dépourvu. J'enfilai donc ma tenue habituelle qui ne manqua pas de faire s'élever quelques murmures sur mon passage mais ça aussi c'était habituel. Parfois je les ignorais, parfois j'aimais en jouer et aujourd'hui, allez savoir pourquoi, j'étais d'humeur plus joueuse. Après avoir dépassé deux servantes que j'entendis murmurer d'un ton réprobateur, je me retournai pour les observer et leur adressai un large sourire moqueur avant de leur envoyer un baiser sous oublier le clin d’œil forcé. Pour terminer, je fis légèrement bouger ma boucle d'oreille du bout de mes doigts et quand elles ouvrirent la bouche en grand, mon sourire se fit plus large avant que je ne me retourne et reprenne mon chemin : voilà qui était fait et ça faisait du bien. Oui, du bien, car cela me changeait les idées et c'était rare à l'intérieur de ces murs. En général, c'était plutôt à l'extérieur que je parvenais à chasser pendant un temps les pensées qui m’oppressaient au quotidien. Alors quand j'avais la possibilité et l'envie, je profitais de la possibilité de le faire directement ici.

Cela ne faisait de mal à personne après tout.

Ne souhaitant pas prendre la route le ventre complètement vide, je fis un petit détour par les cuisines, un endroit où j'allais de temps à autres pour récupérer un fruit ou deux et un morceau de pain. Je n'étais pas du genre à me servir sans autorisation mais malgré tout, certains serviteurs n'aimaient pas me savoir dans les environs : de quoi avaient-ils peur ? Que je vole de la nourriture ? Il fallait croire que oui vu la façon dont certains me traitaient. Fort heureusement, d'autres avaient confiance en moi et malgré les regards noirs de leurs semblables, ils n'étaient pas contre me donner de quoi me nourrir en dehors des repas. Ce jour-là, j'eus le plaisir de recevoir un assez grand morceau de pain mais surtout deux pommes qui avaient l'air excellentes et que j'allais savourer sur le chemin me menant à la forêt. Je glissai le tout dans ma sacoche en tissu avant de sortir. Une fois à l'extérieur, je pris une profonde inspiration : j'adorais être dehors. Qu'il fasse beau ou pas, qu'il fasse froid ou chaud, j'aimais être dehors et pas enfermé entre quatre murs. J'avais peut-être été pirate dans une autre vie ou peut-être le serais-je dans la prochaine. J'esquissai un sourire avant de traverser la cour d'un pas rapide, tout à coup pressé de quitter le château. Malheureusement, je fus stoppé dans mon élan par une jeune servante qui n'était pas arrivée depuis très longtemps mais qui, à chaque fois que je me trouvais non loin d'elle, venait m'aborder pour... Pour discuter oui, de tout et de rien mais enfin, vu les regards qu'elle me lançait, elle souhaitait autre chose.

Pas moi.

« Bonjour Gildric ! Belle journée n'est-ce-pas ? »
« Oui... » répondis-je en faisant discrètement un pas en arrière. Je n'avais pas peur d'elle mais elle me mettait mal à l'aise.
« Où allez-vous ? »
« Hum... Je ne sais pas encore. Dehors. » répondis-je cette fois-ci de manière évasive, au cas où l'idée lui viendrait de me suivre. Je n'étais pas paranoïaque mais...
« Bien. Alors, j'espère que vous passerez une bonne journée. » ajouta-t-elle avec un sourire radieux.
« Merci, vous aussi. » dis-je en m'écartant et en esquissant un sourire qui ressembla probablement plus à une grimace qu'à autre chose.

Elle m'observa quelques instants avant de détourner le regard (enfin!) et je fis de même, soupirant de soulagement, me moquant qu'elle puisse entendre ce soupir. Je me frottai les yeux, me demandant comment les choses allaient se passer si jamais elle devenait plus entreprenante. Je détestais ce genre de situation. D'autres hommes en auraient sans doute profiter, il faut dire qu'elle était ravissante mais, j'avais beau être seul, je ne pouvais pas et ne voulais pas d'une femme. Enfin, si, mais d'une seule.

« Gildric ! »

Je sursautai et relevai mon regard mais je n'avais pas besoin de la voir pour la reconnaître : elle était là, la seule femme que je voulais et c'était celle que je ne pouvais pas avoir. Comme tout ça était mal fait... J'esquissai un sourire, pas le moins du monde forcé celui-ci, et l'observai approcher : elle portait une robe simple mais qui lui allait à ravir. Ses cheveux étaient attachés et ainsi, on avait tout le plaisir de pouvoir apercevoir son cou : j'adorais quand elle relevait ses cheveux, j'adorais pouvoir poser discrètement mon regard sur sa nuque quand elle marchait devant moi. D'autres hommes auraient regardé autre chose, moi je regardais sa nuque oui. Tout en avançant vers moi, elle m'interrogea sur ma destination et plus précisément, elle voulait savoir si je me rendais au village. Elle me demanda ensuite si elle pouvait venir avec moi car elle devait rejoindre le docteur au dispensaire. Je sentis mon sourire se figer sur mes lèvres : non, ça ne me dérangeait pas qu'elle vienne avec moi mais je n'allais pas vraiment au village. Enfin, en tout cas, à la base, je n'étais pas censé y aller mais à présent, ma destination me semblait peu intéressante comparée à la perspective de passer un peu de temps avec Alaïs. Je n'aurais pas dû, oui, mais il y avait de toute façon tant de choses que je n'aurais pas dû faire.

« En fait, j'allais en forêt chercher des plantes mais j'irai demain. »

Son regard était plongé dans le mien et tout à coup, je réalisai que venais tout juste de lui avouer que j'avais eu d'autres plans pour ma journée mais que pour elle, j'étais prêt à les mettre de côté. Vite, une excuse... Qu'avait-elle dit ? Le dispensaire... Le docteur... Ah ! Voilà !

« Je vais pouvoir demander au docteur s'il a besoin de quelque chose pour le dispensaire. »

Bon, ça n'était pas trop mal et ça pouvait passer : maintenant, est-ce qu'elle allait y croire ? Sans que je puisse le contrôler, mon regard se perdit dans la contemplation de son visage et de son cou avant que je ne sente un regard sur moi. Mes yeux quittèrent alors la nuque d'Alaïs et se décalèrent sur ma gauche et c'est là que je la vis, au fond de la cour, adossée contre le mur, les bras croisés : Rixende. Rixende qui nous fixait ou plutôt, qui me fixait moi avec un regard noir, glacial et furieux. Pendant un instant, mon sourire se fana puis, il redevint plus large : j'étais d'humeur joueuse oui, et je n'avais pas terminé de jouer. Je me penchai légèrement vers Alaïs tout en cessant de regarder Rixende.

« Nous sommes surveillés... Je crois que si elle pouvait me couper la tête elle le ferait tout de suite... »

Alaïs esquissa un sourire qui me sembla être un peu désolé : oh, elle n'avait pas à s'inquiéter. Je connaissais bien Rixende et puis, après tout, elle ne faisait que veiller sur Alaïs et elle avait toutes les raisons de nous surveiller comme ça : toutes les raisons. Cependant...

« Vous voulez qu'on quitte le château séparément ou alors, on l'énerve un petit peu plus ? »

Et mon fameux sourire joueur s'accrocha de nouveau sur mes lèvres au moment où je levai le bras pour le tendre à Alaïs. Si Rixende nous voyait quitter la cour du château accrochés l'un à l'autre, elle allait bouillir. Certes, c'était jouer avec le feu mais au pire, que pouvait-il se passer ? En fait, au pire, d'autres pouvaient nous voir et aller le répéter à son père oui. Finalement, ce n'était peut-être pas une si bonne idée que ça mais là, en cet instant, comme cet imbécile heureux et amoureux que j'étais, je ne pensais pas aux risques. J'allais vraiment finir avec la tête coupée et accrochée au bout d'une pique moi...

© charney

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Alaïs Brimil

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MessageSujet: Re: Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point ✖ Gildric   Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point  ✖ Gildric Icon_minitimeJeu 19 Sep - 14:56




Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point.

Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne se peut exprimer qu’en répondant : parce que c’était lui ; parce que c’était moi.


Maintenant que je suis en face de lui, je ne parviens pas à calmer le rythme désordonné et effréné de mon coeur. Il cogne avec puissance contre ma poitrine, un peu comme s’il cherchait à s’en échapper. Mais est-ce de ma faute si, à chaque fois que je me retrouve en sa présence, je me sens ainsi ? J’ai pourtant essayé de lutter. Oh ce n’est pas venu ainsi du jour au lendemain, non. Ca s’est répandu lentement, petit à petit, comme l’aurait fait le plus perfide des venins. D’un côté, l’amour n’est-il pas un venin, un poison destructeur ? À mon sens, il ne peut être rien d’autre que cela, que source de souffrance. Ce n’est pas faute d’avoir essayer de me débarrasser de ces sentiments qui m’emprisonnent, de les étouffer, de les refouler au plus profond de mon âme, mais rien n’y fait. C’est maintenant ancré trop profondément dans mon coeur pour que je parvienne à tout balayer d’un geste de la main. Mais en ai-je tant envie ? Je ne sais pas, je viens parfois à en douter.

« En fait, j'allais en forêt chercher des plantes mais j'irai demain. Je vais pouvoir demander au docteur s'il a besoin de quelque chose pour le dispensaire.
-Oh, c’est fort généreux de ta part. Le docteur Grimden a besoin de toute l’aide qu’on peut lui offrir ; le dispensaire ne désemplit pas depuis son ouverture et le pauvre docteur commence à se faire vieux. J’apprécie énormément que tu l’assistes lorsque tu en as le temps. »

Sans que je ne puisse rien y faire, un tendre sourire étire mes lèvres. Je sais ce que c’est mal, mais je n’arrive pas à me retenir. A quoi bon de toute façon ? Ce n’est pas comme si son regard était déjà plongé dans le mien. Il m’arrive, de temps à autre, de me demander si ces sentiments ne seraient pas réciproque, si lui aussi n’éprouve pas la même chose à mon égard. Gildric ne me regarde pas de la même façon que les autres, il y a toujours une certaine tendresse dans ses yeux, dans ses sourires et même jusque dans l’intonation de sa voix... Je retiens un soupir, si seulement je pouvais exprimer ce que je ressens... Mais je n’en aurai jamais le droit. Le regard de Gildric dévie légèrement sur le côté et je fronce un peu les sourcils, je me demande ce qui a bien pu le distraire. Peut-être une autre fille... Il y a cette nouvelle petite servante, dont je ne me souviens plus du prénom, qui tourne sans arrêt autour de Gildric. Oh, je l’ai bien vue, avec ses sourires charmeurs et ses décolletés plus que pigeonnants, que l’on ne me prenne pas pour plus naïve que je ne le suis. Je sais parfaitement ce qu’elle veut et, contrairement à moi, elle peut l’obtenir... Comme je l’envie, de ne pas être de haute naissance... J’amorce un léger mouvement pour pouvoir me retourner et regarder ce qui peut bien intéresser Gildric à ce point, mais je suis stoppée dans mon mouvement.

« Nous sommes surveillés... Je crois que si elle pouvait me couper la tête elle le ferait tout de suite... Dit tout doucement Gildric, légèrement penché sur moi.
-Que...»

Je ne mets pas plus de deux secondes à comprendre de qui il veut parler et j’esquisse un petit sourire désolé. Rixende. Toujours à son poste à ce qu’on dirait : à me surveiller, à nous surveiller. De quoi a-t-elle peur ? Si moi, je serais peut-être capable de perdre mon sang froid et de faire une chose stupide sur un coup de tête, je suis persuadée que Gildric ne le ferait pas. Il a tellement plus à perdre que moi... La vie, entre autre. Mais ce qu’il serait pourtant bon, de pouvoir succomber, ne serait-ce qu’une fois... Une toute petite fois... Je baisse les yeux, chassant le plus vite possible ces pensées de mon esprit. Mon coeur s’est encore affolé, il bat à un rythme soutenu et j’ai peur que mes joues ne se teintent de rose, dévoilant mon émoi.

« Vous voulez qu'on quitte le château séparément ou alors, on l'énerve un petit peu plus ? »

Mon regard se relève pour tomber sur un Gildric au sourire joueur et taquin. Je plisse légèrement mes paupières sous la surprise, serait-il plus téméraire que je ne l’aurais pensé ? Je ne suis pas certaine que provoquer ainsi Rixende soit une bonne idée. Non en fait j’en suis sûre. Je devrais refuser... Oui, je devrais lui dire que ce n’est pas raisonnable, que d’autres personnes pourraient nous voir et tout rapporter à mon père.. Pas Rixende, non, elle ne le ferait jamais, mais les autres... J’ouvre la bouche pour refuser quand Gildric me tend son bras avec son irrésistible sourire sur les lèvres... Comment puis-je lui refuser ? Comment puis-je ignorer ce coeur qui bat si fort dans ma poitrine ? Impossible. Je regarde brièvement derrière moi, croisant le regard furibond de ma gouvernante puis attrape le bras de Gildric en souriant.

« Après tout, je ne suis plus à une leçon de morale près. Dis-je, sur un ton taquin et amusé. »

Je sens dans mon dos le regard brûlant de colère de ma gouvernante, mais je n’y prends pas garde. Pire encore, je l’oublie totalement au bras de l’apothicaire. Nous sortons rapidement de l’enceinte du château. Il n’a pas plus depuis plusieurs semaines et la route de terre battue est sèche, de petits nuages de poussière se soulèvent sous nos pas.

« Je me demande par moment, si tu tiens à ta tête, Gildric. Enfin, Rixende ne dira jamais rien, elle n’est pas mauvaise. Murmuré-je, mon bras toujours accroché à celui de Gildric. »

Là encore, je sais pertinemment que je devrais lâcher le bras du jeune homme, mais j’en suis incapable. Et puis, personne ne peut nous voir, à part peut-être quelques villageois mais tout comme Rixende, aucun n’oserait dire quelque chose. Je crois qu’ils ont trop de respect pour moi pour me causer du tort. Les seules personnes dont je dois me méfier sont l’intendant de mon père et les servantes un peu trop entichées de Gildric. En pensant à cela et inconsciemment, je serre un peu plus le bras de Gildric, un peu comme si je craignais qu’il ne s’envole. Mais n’est-ce finalement pas le cas ? Je tourne la tête au même moment que lui et mon regard plonge dans le sien. Je me sens happé par ses beaux yeux bleus, je perds pieds. Nous ne marchons plus et je ne m’en suis même pas rendue compte, en fait, je crois qu’il pourrait se mettre soudainement à pleuvoir que je ne réagirais pas pour autant. Je lève ma main libre et essuie avec délicatesse, du bout de mes doigts, sa pommette sur laquelle il y a un peu de poussière. Sa main attrape la mienne et je sursaute légèrement, ne m’y attendant pas. Pourtant, je ne fais rien, ma raison ne me contrôle plus, je ne suis régis que par mes sentiments. Gildric se penche légèrement sur moi, c’est la première fois que je me retrouve aussi proche de lui... Mon coeur bat à n’en plus finir et...

« Dame Alaïs ! »

Dans un sursaut, je reviens à la réalité et je me recule brusquement, mes joues s’empourprant à cause du trouble qui ébranle tout mon corps et mon esprit. La voix enfantine retentit à nouveau et je tourne la tête vers elle. Deux gamins, un garçon et une fille courent vers nous. Le garçonnet sourit de toutes ses dents alors qu’il se plante devant moi. Sa casquette étant trop grande pour lui

« B’jour m’dame ! B’jour Gildric !
-Bonjour Pierrot, bonjour Elda, dis-je en me penchant pour pouvoir regarder la fillette cachée derrière son frère. Comment va votre mère ?
-Bien mieux m’dame ! Z’allez voir le docteur ? Me demande Pierrot en relevant une énième fois sa casquette.
-Oui, en effet. Mais que faites-vous aussi loin de chez vous ?
-On s’en allait à la rivière ! Vrai Elda ? S’exclame le gamin tout en se retournant pour regarder sa soeur qui approuve silencieusement.
-Vous feriez mieux d’aller aider votre mère. Elle doit être débordée, n’est-ce pas Pierrot ?
-Euuuh, on va vous accompagner jusqu’au dispensaire m’dame ! »

J’esquisse un sourire en coin, ce garnement est toujours entrain de s’attirer des ennuis  alors mieux vaut le surveiller de près. Pierrot passe le premier, plantant sa soeur devant moi qui me jette un rapide coup d’oeil sous sa tignasse rousse. Je tends mes bras pour la porter.

« Viens-là toi. »

La fillette passe rapidement ses bras autour de mon coup, s’accrochant fermement à moi et regarde son frère un peu plus loin, bien contente de ne plus marcher. La tension est redescendu, je me sens plus apaisée que quelques minutes auparavant, je m’octroie même un regard à Gildric. Mauvaise idée. Mon coeur se remballe de plus belle, hélas.

« Je dois me rendre à la capitale dans quelques jours... Et je... Je me demandais si tu accepterais de m’accompagner ? Demandé-je à Gildric. Enfin, nous accompagner, Rixende, Roséa et moi. Père voudrait que Diter vienne avec nous, mais moi je voudrais que ce soit toi. Euhm, si tu n’es pas trop occupé bien sûr...»

Je sens mes joues s’empourprer et je préfère détourner mon regard pour le poser sur la gamine qui tripote la chaine de mon collier depuis quelques minutes déjà. Et s’il disait non ? Ce serait sûrement mieux dans un sens...


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Gildric Savary

Gildric Savary
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MessageSujet: Re: Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point ✖ Gildric   Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point  ✖ Gildric Icon_minitimeSam 21 Sep - 16:40




Le coeur a ses raisons
que la raison ne connaît point.

Un jeu dangereux, certes, mais c'était trop tentant. Quitter le château au bras d'Alaïs, c'était prendre un risque, oui, mais j'avais le goût du risque : j'avais toujours eu le goût du risque. Elle jeta un regard à sa gouvernante avant de se retourner vers moi et d'attraper mon bras. Je dois bien avouer que même si à la base j'avais voulu donner mon bras à Alaïs juste pour énerver un peu plus Rixende, ce contact me fut vraiment très agréable et particulièrement envoûtant. Nous n'avions jamais eu ce genre de contact en réalité : tout était dans les regards, les sourires, parfois les mots mais jamais dans les gestes car c'était tout simplement interdit. Alors, nous avions enfin bravé un interdit : le premier d'une longue liste mais ça, je ne le savais pas encore. Ne pouvant m'empêcher de sourire plus largement, je glissai ma main sur le poignet d'Alaïs avant de me mettre à marcher, lui adressant un regard complice quand elle m'annonça qu'elle n'était plus à une leçon de morale près. Pendant un moment, j'eus envie de lui demander à propos de quoi Rixende lui faisait la morale mais je décidai d'enfermer cette question dans un coin de mon esprit. Peut-être parce qu'au fond, j'avais une idée de la réponse mais que je préférais ne pas le savoir. Nous quittâmes donc le château, avançant sur la terre battue aujourd'hui sèche, si sèche que des nuages de poussières apparurent sur notre passage. La poussière ne me dérangeait guère mais je craignais qu'Alaïs en soit gênée. Par précaution, je lui jetai un regard mais elle ne semblait pas gênée le moins du monde, son bras étant toujours accroché au mien. Sa voix s'éleva doucement alors, m'annonçant qu'elle se demandait si je tenais à ma tête même si Rixende ne risquait pas de dire quoi que ce soit à notre sujet. Je haussai les épaules, préférant taire la réponse qui me brûlait les lèvres : non, je ne tenais pas à ma tête ou, en tout cas, je n'y tenais plus car pour elle, j'étais prêt à prendre tous les risques possibles mais ça, mieux valait ne pas le dire.

Nous poursuivîmes notre chemin en silence quand je sentis l'étreinte d'Alaïs se resserrer autour de mon bras. Je fronçai les sourcils et tournai mon visage vers elle, surpris de ce geste : avait-elle vu quelque chose qui lui avait fait peur ? Apparemment pas car elle tourna la tête au même moment que moi et nos regards se croisèrent. A ce moment-là, mon cœur se mit à battre comme un fou contre mes côtes : dès que je plongeais dans ses yeux, j'avais tendance à perdre pieds et il fallait pourtant que je garde les pieds sur terre. Il le fallait mais... Mais comment y arriver alors que nous étions à présent arrêtés, en plein milieu du chemin, nos regards ne pouvant se détacher l'un de l'autre ? Comme garder les pieds sur terre alors qu'elle venait de glisser sa main sur ma joue pour essuyer du bout des doigts ma pommette qui avait sans doute pris la poussière ? Comment empêcher ma main d'aller trouver la sienne dans un mouvement vif sans pour autant être brusque ? Comment ne pas caresser sa peau du bout de mes doigts ? Comme ne pas avoir envie de goûter enfin à ses lèvres qui me semblaient tout à coup à la fois proches et accessibles bien qu'elles me soient en réalité interdites ? Comment... Ne pas... L'embrasser ? Instinctivement, sans y réfléchir à deux fois alors que j'aurais dû, je me penchai vers elle : bientôt, mes lèvres allaient frôler les siennes. Bientôt...

« Dame Alaïs ! »

Un sursaut, je la lâchai et me reculai avant de lui tourner le dos et de plaquer ma main contre ma bouche. Qu'avais-je été sur le point de faire ? Bon sang mais qu'avais-je été sur le point de faire ? Et surtout, pourquoi ne m'avait-elle pas arrêté ? Pourquoi ?... Je me retournai juste à temps pour voir le garçon nous rejoindre : Pierrot, accompagné comme toujours de sa petite sœur. Il nous salua et je lui répondis en lui faisant un petit signe de la main accompagné d'un sourire quelque peu forcé tant j'étais encore troublé par ce qu'il venait de se passer ou, plutôt, ce qui avait failli se passer. Alors qu'Alaïs discutait avec Pierrot, ne laissant rien paraître, la même question revint me hanter : pourquoi ne m'avait-elle pas repoussé ? Est-ce-que... Est-ce que j'avais donc bien interprété les signes ? Nourrissait-elle les mêmes sentiments à mon égard ? Oui... Par tous les Dieux oui sinon, elle n'aurait pas réagi de cette façon. Cependant, est-ce que cela changeait quoi que ce soit ? Non... Malheureusement non. Je l'aimais et même si par un miracle elle ressentait les même sentiments que moi, cela ne nous donnait pas le droit de... Cela ne me donnait pas le droit de l'embrasser et d'être plus qu'un simple ami pour elle. Finalement, il aurait peut-être mieux valu qu'elle me repousse et qu'elle se mette en colère : ça aurait été tellement plus facile.

« Euuh, on va vous accompagner jusqu'au dispensaire m'dame ! »

La voix de Pierrot affirmant que lui et sa sœur allaient nous accompagner me sortit de mes sombres pensées et finalement, je fus soulagé qu'il décide de nous accompagner : au moins, je ne risquais pas d'être tenté si nous n'étions pas seuls. Alaïs se pencha pour prendre la petite Elda dans ses bras et Pierrot reprit la route en premier. M'enfermant dans un profond mutisme, je marchai au côté d'Alaïs, mon visage s'étant véritablement fermé à présent, mon regard se fixant volontairement sur le chemin devant nous : je préférais ne pas regarder Alaïs. Quand sa voix s'éleva de nouveau, j'en aurais presque sursauté. Mon sang sembla se glacer dans mes veines quand je l'entendis m'annoncer qu'elle allait se rendre à la capitale. Oh... Bien... Ce serait bien pour elle ça. C'était l'endroit parfait pour faire des rencontres, se trouver un mari... Rien que d'y penser, j'en serrai la mâchoire sous le coup de la haine : j'allais le maudire celui qui allait faire d'Alaïs sa femme. J'allais le haïr de tout mon être. Ma colère s'évapora cependant très vite quand Alaïs me demanda si je pouvais l'accompagner. Sous le coup de la surprise, j'en oubliai ma résolution de ne pas la regarder afin d'être capable de garder mes distances et je posai donc mon regard sur elle qui, pour le coup, ne me regardait pas du tout. Son regard était posé sur la petite qui jouait avec la chaîne de son collier et moi, j'avais la bouche ouverte sous la surprise : elle voulait que moi, je l'accompagne à la capitale. Oh, il n'y aurait pas que moi mais c'était à moi... A moi, qu'elle demandait. Comme j'aurais voulu pouvoir lui dire oui et comme mon cœur me hurlait de répondre cela, mais...

« Je doute que ce soit une bonne idée... » murmurai-je, le cœur serré, en détournant le regard. « Je veux dire, je pense que votre père ne sera pas très emballé par cette idée. Ce n'est pas pour rien s'il a choisi Diter pour vous accompagner. Il ne me juge pas assez digne de confiance pour vous accompagner ou pour assurer votre sécurité. » D'ailleurs, je n'étais pas digne d'elle tout court en fait. « Et puis, même si je sais me battre, je ne suis pas un soldat, je... » m'arrêtai dans ma phrase car je venais de reporter mon regard sur Alaïs et son expression me tordit les entrailles. Oh, elle était douée pour cacher ce qu'elle ressentait mais ses traits étaient tirés et son regard... Seigneur, son regard... J'eus mal de voir un pareil voile de déception dans ses yeux. Ce fut alors plus fort que moi : j'amorçai un geste vers elle, ma main allant chercher son épaule mais je fus stoppé dans mon élan en entendant une voix hurler deux prénoms bien distincts : Pierrot et Elda. Je glissai ma main dans mon dos, craignant que leur père n'ait vu mon geste car c'était bien leur père qui venait de les appeler. Il se trouvait au bout du chemin et leur faisait signe de venir le rejoindre : il semblait en colère car les deux garnements lui avaient encore faussé compagnie. Les enfants nous saluèrent et Alaïs leur adressa un tendre sourire mais encore une fois, je sentis mon estomac se nouer tant son sourire était voilé de tristesse. J'observai les enfants s'éloigner et répondis au salut de leur père quand ce dernier nous fit un signe de la main. Nous les observâmes s'éloigner en silence et, quand je fus certain que nous étions seuls, je reportai aussitôt mon regard sur Alaïs qui semblait décidée à ne pas me regarder.

« Je suis désolé, je ne voulais pas... »

Jamais elle n'avait évité mon regard de cette façon, jamais.

« Alaïs... » murmurai-je tout bas avant de la prendre par la main et de l'entraîner un peu à l'écart du chemin, derrière un arbre, nous mettant ainsi à l'abri de tout regard indiscret. Elle se laissa faire sans pour autant dire quoi que ce soit ou me regarder.

« Regardez-moi. S'il vous plaît Alaïs. »

Encore une fois, de façon instinctive, alors que mon instinct était le dernier que j'aurais dû écouter en cet instant, je glissai ma main sous son menton pour la forcer à relever son visage vers moi. Finalement, elle n'eut pas d'autre choix que de plonger son regard dans le mien et dès lors, un tendre sourire étira mes lèvres.

« Vous ne m'avez pas compris. J'ai dit que c'était une mauvaise idée car votre père va penser de cette façon mais moi... » Non, non... Tais-toi... « Je serais très heureux de vous accompagner pour ce voyage. D'ailleurs, je ne pourrai jamais être trop occupé pour passer du temps avec vous Alaïs. »

C'était de pire en pire mais maintenant que j'avais commencé, maintenant que j'avais laissé parler mon cœur, je ne pouvais plus m'arrêter. Pourtant, ça aurait été judicieux de m'arrêter là mais la voir déçue de cette façon avait réveillé tout ce que je pouvais ressentir pour elle : ça avait réveillé mon amour, ma tendresse, mon désir... Je la dévorai littéralement du regard et comme j'aimais me perdre ainsi à la regarder. Mon sourire se fit plus large encore.

« Ne savez-vous pas ? »

Ma main qui jusque là était restée sous son menton s'aventura sur sa joue et l'autre main, cette traîtresse qui jusque là était restée sagement à sa place, glissa sur la main d'Alaïs avant de remonter sur son bras pour finalement aller se perdre au coin de sa mâchoire, mon pouce venant caresser doucement ses lèvres.

« Ne savez-vous pas ? » répétai-je dans un souffle.

Comme tout à l'heure, je me penchai vers elle. C'était plus fort que moi : je l'aimais, je la désirais et tout cet amour, tout ce désir, en cet instant, ils étaient bien plus forts et plus puissants que la meilleure des volonté de bien faire. Il était dit qu'à trop jouer avec le feu on pouvait se brûler mais si la brûlure était à la fois douleur et douceur ? Et si cette brûlure était finalement tout ce que nous souhaitions ? En tout cas, moi, c'était tout ce que je souhaitais alors, je décidai de plonger dans ce brasier, sans même réfléchir un instant aux conséquences. Mes lèvres se posèrent sur les siennes avec délicatesse : un premier contact tant attendu, tant désiré, tant inespéré... La douceur de ses lèvres ne fit qu'éveiller un peu plus les sentiments qui bouillonnaient à l'intérieur de mon cœur et de mon corps si bien qu'après ce tendre baiser, mes mains glissèrent autour de sa nuque et je la fis reculer doucement jusqu'à ce qu'elle ait le dos contre le tronc de l'arbre. Mes baisers devinrent rapidement plus enflammés, plus passionnés tout comme mes gestes car mes mains ne tardèrent pas à s'échapper de sa nuque pour glisser autour de sa taille, mes doigts glissant d'ailleurs très au sud de cette dernière. Mes lèvres quittèrent sa bouche pour glisser sur sa mâchoire avant de se perdre dans son cou et c'est là que je l'entendis murmurer quelques mots dans un souffle. Des mots qui me rendirent aussitôt la raison : « Il ne faut pas... » Certes, elle les avait prononcés dans un murmure mais elle les avait bel et bien prononcés si bien que je m'arrêtai net, cessant tout mouvement, mon souffle saccadé allant se perdre contre la peau de son cou. Mon torse se soulevait déjà au rythme de ma respiration plus rapide : oui, rien que pour ce baiser là mais quel baiser... Je restai un instant sans bouger avant de fermer les yeux.

« Je suis désolé... » murmurai-je dans un souffle avant de la lâcher et de me reculer d'un pas avant de lui tourner le tourner le dos. Ce ne fut que qu'à ce moment-là que je rouvris mes yeux. Je les posai sans attendre sur mes mains tremblantes et serrai la mâchoire : Si tout à l'heure j'avais failli franchir une limite, à présent, je l'avais véritablement franchi. Je serrai les poings à m'en faire mal.

J'avais été trop loin.

© charney

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