saoule toi et avoue

La lourdeur de l’armure raidissait son dos. Il la portait depuis trop longtemps. Les mailles s’enfonçaient dans sa chair. La position assise lui était maintenant douloureuse. Il sentait la fatigue alourdir ses paupières et paralyser ses muscles. Il avait besoin de descendre de son cheval afin faire quelques pas mais Ahmir se devait de rester en hauteur. Il n’y avait pas de meilleure hauteur pour surveiller une foule. De là, il apercevait les échanges d’argent, les mains qui trainaient un peu trop près de certains articles, les armes qui se dissimulaient derrière les pans des habits. Il avait un point d’observation sans pareil. Son regard passait d’une personne à une autre, d’un point à un autre. En devenant chevalier, il avait développé son sens de l’observation. A force d’expériences, il s’était habitué à repérer les comportements étranges. Sur son cheval, Ahmir gigota en poussant un soupir. Il jeta un coup d’œil en direction d’un autre chevalier. Ils étaient en selle depuis l’aube. Ils en avaient assez. A trop travailler, ils perdaient en vigilance. Cela, ils le savaient très bien. Ils tentèrent de se frayer un chemin parmi les badauds. Bientôt, la foule se dispersera et rendra les rues plus faciles à traverser. La patrouille sera alors plus agréable. Son cheval marqua un arrêt soudain. Ahmir pesa un regard sur l’homme qui s’était placé sur leur chemin. Il plissa les yeux lorsqu’il crut reconnaitre le visage de son petit frère. Le doute était de mise étant donné sa tenue vestimentaire. Il s’était encore mis dans l’esprit de se fondre dans le peuple. Ahmir ne se fera jamais à cette lubie. Il pouvait comprendre le besoin de son cadet de connaitre le monde avec un autre regard, il l’avait lui-même fait, mais était-il obligé d’en faire une habitude ?

Jon avait l’air misérable. Ce n’était pas dû à ses vieilles tenues. Son expression faisait peine à voir. Ahmir fit un signe à son frère d’armes pour lui signifier qu’il resterait ici. Celui-ci fit demi-tour et repartit en direction du château. Il ne fallait pas que les autres sachent que Jon faisait des petites promenades parmi le peuple. Il avait besoin de cette liberté. De plus, leur père en mourrait et cela jetterait l’opprobre sur leur famille. Sans compter les nombreuses tentations que cela pourraient susciter chez les mercenaires et tueurs de l’empire. Ahmir avait bien mieux à faire. Jon avait visiblement besoin d’aide ou du moins, de soutien. Il avait tendance à toujours se fourrer dans des situations compliquées. L’ainé descendit de son cheval, appréciant le moment où ses pieds touchèrent enfin le sol. A peine ses jambes retrouvaient enfin leur fonction que Jon lui adressa la parole. « Ahmir, mon frère, il faut que tu m'emmènes boire quelque part en ville. J'ai besoin d'être plein comme un tonneau. » Au moins avait-il été clair. Ahmir connaissait son petit frère. Quelque chose n’allait pas. Une mauvaise nouvelle ou une mésaventure qui nécessitait le soutien d’un membre de la famille. « Allons-y. » Il donna une tape réconfortante sur le bras de Jon avant de prendre la direction de la taverne la plus proche. En grand frère, il était inquiet des évènements qui venaient de tomber sur son frère. Ahmir avait pris l’habitude de le protéger et de couvrir ses arrières.

Alors que le cheval trouva une place dans l’écurie voisine, les deux frères entrèrent dans la taverne. Le brouhaha des conversations assaillit immédiatement le chevalier. Les ivrognes étaient excités, l’ambiance était électrique, les mains baladeuses trouvaient les formes généreuses de quelques femmes et certains s’endormaient même sur leur table en bois. Une taverne, en soit. Ahmir laissa Jon s’installer à table de son choix. Le chevalier alla, lui, demander à boire. Bière ou vin, telle était la question. Il hésita sur la décision à prendre. Il jeta un dernier coup d’œil à son malheureux frère et décida que commencer à la bière et finir au vin serait un bon compromis. Il revint auprès de Jon, deux chopes de bière dans les mains. « Vas-tu me dire quel malheur t’est tombé dessus ? » demanda-t-il dès qu’il fut assis à leur table. Il poussa une chope vers son frère. Il ne toucha pas à la deuxième, bien décidé à ne pas faire de cette taverne le lieu de la déchéance alcoolique de deux frères Thoron.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

saoule toi et avoue

Différentes hypothèses s’offraient à lui. Jon avait discuté avec leurs parents. Il avait rencontré une femme qui lui avait volé tout son argent. Il s'était rendu compte qu’il n’agissait pas comme il devait le faire ou bien penser qu’il avait raté sa vie jusque-là et se devait rattraper le temps perdu. Venant de Jon, Ahmir s’attendait à tout et à rien. Il ne pouvait qu’attendre afin d’avoir la juste information et d’agir en conséquence. Ahmir ne l’avait jamais vu ainsi. Jon semblait avoir touché le fond. Ce qui lui était arrivé devait être énorme et important. Pourvu que ça ne soit pas en rapport avec leur famille, un décès ou un problème financier. Il ne manquerait plus que cela. Il avait assez à faire avec les manigances de la reine, les conseils du roi et la chevalerie. Sans oublier cette courtisane qui hantait ses pensées à longueur de journée. Il y avait des jours où il rêvait de monter sur son cheval et de voyager, de ne s’arrêter que lorsqu’il aurait les muscles perclus. Aller loin, très loin pour oublier tous ses soucis et se vider l’esprit. Dans l’immédiat, Ahmir ne pouvait rendre réel ce rêve. Il avait devant lui la pâle copie de son frère. Une représentation diminuée et en mauvais état qui avait besoin de réconfort. Jon s’accrochait à sa pinte comme le ferait un enfant avec son jouet favori. Il vida presque entièrement le récipient, enfonçant un peu plus Ahmir dans la perplexité. Ce dernier comprit que deux bières ne suffiraient pas à calmer ce pauvre Jon.

« Le plus grand des malheurs, bien sur ! C'est à cause d'une femme ! » Ah ! Hésitation cruelle entre soulagement et empathie. Ahmir savait combien les femmes pouvaient être cruelles à certains moments, trop intéressées par leurs propres intérêts et leur propre personne. Elles pouvaient briser le cœur comme jamais un homme ne le ferait. Il était tellement facile de tomber amoureux d’une femme déjà éprise d’une autre personne. Avec leur beauté, elles faisaient tourner la tête de tous les hommes. Au moins cela ne concernait-il pas leur famille. Mais de quelle femme s’agissait-il ? Ce ne pouvait qu’être Louise. La fameuse Louise. Ahmir en avait entendu parler une ou deux fois. Une belle femme, parait-il. Il n’avait pas encore eu l’honneur de rencontrer cette jeune demoiselle et visiblement, il n’aura plus aucune chance de la rencontrer. « C'est toujours la faute des femmes, pas vrai ? » Ahmir sentit les doigts de son frère s’enfoncer dans son avant-bras. Il baissa les yeux sur ceux-ci avant de les redresser sur son frère. D’accord, la situation était plus dramatique qu’il ne le pensait. Il ne s’agissait pas d’une simple peine de cœur. C’était bien au-dessus de tout cela. Il poussa sa bière vers Jon. Il n’obtiendrait des informations qu’en faisant oublier la douleur à son frère et, indirectement, en le saoulant. « Bien sûr, elles font tout pour nous briser le cœur. » Les hommes avaient également leur part de responsabilité dans les déceptions amoureuses mais Jon n’avait pas besoin de l’entendre. Ce n’était pas le discours qu’il attendait. Il souhaitait du réconfort, du soutien, de la compassion.

Le mystère autour de cette histoire demeurait toujours. Ahmir ne savait pas beaucoup de choses à propos des relations de son frère. Ils n’avaient pas eu une éducation où les confessions et les déballages d’émotions étaient primordiaux. C’était même le contraire. Leur père avait tout essayé pour leur forger un caractère. Il ne voulait pas de fils faibles. Il avait plus ou moins atteint son objectif. Ahmir partait donc de zéro sur cette relation amoureuse. « Cette femme t’a-t-elle blessé d’une quelconque manière ? » Il procédait étape par étape, tâtant le terrain, cherchant des réponses, testant des pistes. Soutirer des réponses à Jon était comme élaborer une stratégie de guerre. Il déplaçait ses pions et voyait les résultats. Ahmir se pencha plus en avant, dans l’attente de la prochaine réponse de son frère.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

saoule toi et avoue

Avez-vous déjà essayé d’avancer à tâtons dans l’obscurité la plus totale ? C’était ce que faisait Ahmir. Il n’avait aucune idée de la direction prendre, ni de ce qu’il devait chercher. Jon était mal, il avait besoin de se réfugier dans une taverne avec des chopes de bière pour se sentir mieux, ou en tout cas, pour parvenir à articuler des explications. C’était tout ce qu’Ahmir savait et c’était à partir de ces minces éléments qu’il devait rassurer son frère. Et encore, il n’était pas au bout de ses peines. Il n’y avait rien de pire qu’un Jon dépité et ivre. Ahmir avait foiré dans son rôle de grand frère : il n’aurait pas dû l’emmener dans la taverne comme Jon le lui avait demandé. Au lieu de cela, il aurait dû le trainer au château et le harceler jusqu’à obtenir ses réponses. C’était toujours plus agréable qu’un Jon criant et postillonnant. Son frère était un vrai ivrogne. Il avait intégré les comportements des manants sans que les Thoron ne s’en aperçoivent. Le chevalier n’avait pas réalisé à quel point ses escapades dans les rues avaient influencé Jon. Ce dernier se mit à hocher la tête. Ahmir était presque prêt à la rattraper au vol, si jamais elle se décrochait. « C'est pas sa faute. » Ahmir dut se retenir pour ne pas lui sauter dessus, l’attraper par les épaules et le secouer jusqu’à ce que son frère crache enfin le morceau. Bon sang, on n’avait pas idée de le faire autant patienter. Il préféra rester de son côté du banc, sachant très bien qu’un chevalier qui « agressait » un habitant de la capitale était mal vu, surtout dans une taverne. On crierait à l’agression. Et c’était son frère.

« Elle en épouse un autre ! » Là, Ahmir ne suivait plus rien. Louise et Jon ne s’étaient-ils pas rencontrés et n’étaient-ils pas tombés amoureux l’un de l’autre ? A moins que ça ne soit son frère qui avait imaginé tout ceci après un simple sourire de la jeune femme ? Après une bière de trop, Jon pouvait bien imaginer n’importe quoi. Il profita de sa déclaration pour les arroser de bière, comme animé par l’esprit d’un ivrogne. Ahmir leva les yeux au ciel. Dès le lendemain, son frère pouvait être certain qu’il en entendrait parler. S’il avait été patient, ça en était fini. Jon devait se reprendre en main et arrête de… batifoler dans les tavernes. Voilà où ça le menait.  « On l'y oblige, c'est vrai ! L'obéissance qu'une fille doit à son père, voilà ce qui me tient loin du bonheur. Et elle sera là, mariée et juste sous mes yeux ! » La lumière se fit dans l’esprit d’Ahmir. Il comprenait enfin quel était le problème. Un mariage arrangé dont Jon n’avait pas prévu l’arrivée. Il y avait de fortes chances pour que ça soit la même chose pour Louise. C’était le lot de beaucoup de couples et la source d’inspirations de nombreux auteurs d’ouvrages romantiques. Il ne pouvait que comprendre le désarroi de son frère. Ce n’était pas facile à accepter pour lui qui était amoureux de cette femme. Jon devait l’oublier, ne plus approcher Louise. Il ne pouvait pas se mettre entre elle et son futur époux.

Ahmir était navré que le sort s’en prenne à son frère. Il méritait de trouver une belle femme qui l’aime et surtout, qu’elle soit disponible et non promise à un autre. Il s’était malheureusement entiché de la mauvaise personne. « Il va me falloir une autre bière, mon frère ! » Une autre… ? Ahmir le dévisagea un instant. L’idée était mauvaise. Jon puait l’alcool. S'il continuait ainsi, il serait même incapable de marcher jusqu’à chez lui. Ahmir serait obligé de le mettre tel un sac à patates sur son cheval. La détresse dans le regard de son cadet termina de le décider. Il poussa un soupir. Il y avait un temps pour se saouler et un autre pour rester sobre. Jon n’en était qu’au premier. Il réfléchira un peu mieux le lendemain, une fois l’alcool cuvé. Le tavernier répondit au signe du chevalier presque aussitôt, venant remplir leurs chopes et empocher les pièces qu’Ahmir avait posé. Il le regarda s’éloigner avant de s’intéresser à Jon. « Tu trouveras bien assez vite une autre femme. » C’était un bien faible réconfort, il le savait mais Jon avait l’habitude de changer de conquête régulièrement, il se remettrait d’une manière ou d’une autre. Il avait toujours su attirer les femmes. Ahmir lui faisait confiance pour retomber sur ses pieds. « Tu ne la croiseras probablement plus. » lança-t-il dans une vaine tentative de le réconforter. Une fois mariée, Louise ne pensera plus qu’au bonheur de son époux et à enfanter. Elle sera obligée d’oublier Jon en raison de son statut marital. Et donc Jon devra en faire autant.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

saoule toi et avoue

Ahmir sursauta en voyant son frère se maltraiter à ce point. Il tendit une main vers lui pour tenter de l’arrêter. L’homme continua tout de même son manège, se frappant la tête contre la table. Au moins aurait-il une excuse le lendemain lorsqu’il se lèverait avec un mal de crâne à réveiller un mort. Un détail clochait chez Jon. C’était clair. Ahmir était sidéré de le voir agir ainsi pour une femme rencontrée peu de temps avant. Il n’y avait rien eu entre eux, rien qui ne puisse rendre Jon dans cet état. « [color:4387= #217166]Arrête, Jon, tu es fou. » Il le vit s’agripper à une des chopes, tel un gamin attrapant la jambe de sa mère. Le chevalier ne connaissait pas encore assez bien l’amour pour comprendre ce que vivait son cadet. Il comprenait que l’amour était un mal qui rongeait et détruisait son frère. Un mal qui venait de lui briser le cœur. Rien ne pourrait réparer les dégâts de cette maladie, si on exemptait l’alcool et le temps. « Elle va épouser Elijah ! » Ahmir le dévisagea, se demandant ce que cela signifiait. Louise allait épouser Elijah. Leur Elijah ? Leur cousin ? Comment est-ce que cela était possible ? Bien des questions se bousculaient dans son esprit. Il était pourtant certain que leur cousin avait une quelconque relation avec la maitresse du roi. Il n’accepterait pas de se marier avec elle, c’était certain.

Il se perdit dans la contemplation d’un ivrogne endormi. Jon avait un don particulier pour s’attirer des problèmes. Il se lançait dans la vie d’un homme du peuple alors qu’il en était loin, préférant la compagnie de ces personnes plutôt que des nobles. Cependant, la différence entre les deux était grande. Il n’avait pas eu l’éducation d’un paysan, il avait eu celle d’un héritier des richesses de son père. Il était fait pour vivre dans une belle demeure avec une femme de haute noblesse et des enfants. Pas pour se saouler et se rouler à terre. C’était la raison pour laquelle il avait souvent des problèmes. Ahmir fut tiré brusquement par l’élégance de son frère. Il vous épargnera les détails de l’odeur et du bruit de ce signe de bonne éducation. « Je dois te dire que j'ai défloré la fiancée de notre cousin » Ce coup-ci, c'était trop pour Ahmir. Il ouvrit la bouche sans savoir quoi lui répondre. Il s’était mis dans une belle galère. Les parents de la jeune Louise ne devait même pas être au courant, ni même Elijah. Il n’y avait que le couple et le chevalier qui l’étaient. Ahmir venait de se rendre complice d’un acte dont il n’avait pas eu, jusque-là, conscience. Il ressentit le besoin de boire lui aussi. Il comprenait maintenant le désarroi de son frère. Il comprenait tout. En tant que frère ainé, il était censé avoir des paroles réconfortantes et un plan déjà élaboré. Mais il n’avait rien. Il se retint de boire la deuxième chope. Jon en avait davantage besoin et il fallait quelqu’un de sobre pour réfléchir.

« Qu’as-tu fait Jon ? La fiancée d’Elijah ! » Que dirait leur cousin ? Et leur famille ? Maintenant, il n’était plus possible que Louise épouse Elijah. Elle devait se marier avec Jon. Il lui avait volée sa virginité, il l’avait rendue impure pour son mariage, il devait prendre ses responsabilités. Il ne manquerait plus qu’elle soit enceinte… Ahmir lança un regard inquiet à son frère. Au final, il ne savait pas depuis combien de temps Louise et Jon se connaissaient. Leur relation aurait pu avoir lieu quelques mois plus tôt. Par tous les dieux ! Le chevalier prit une inspiration, cherchant à se raisonner. Il y avait forcément une solution. Ahmir irait demander à Barahir que Louise soit mariée à Jon plutôt qu’à Elijah. Il ferait pression auprès de lui. Barahir écoutait toujours ses conseils, il comprendrait. « J’en parlerai au roi, il interviendra en ta faveur. » Il esquissa un sourire, souhaitant se montrer rassurant. Il ne s’était pas imaginé que Jon pourrait réagir aussi violemment pour une femme. Il était réellement amoureux. En tout cas, Ahmir espérait que ça soit le cas.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

saoule toi et avoue

Lorsqu’il était écuyer, on lui avait enseigné des plans d’attaque, des stratégies, l’art de la négociation et du maniement des armes. On lui avait toujours dit d’obéir aux ordres. On lui avait aussi appris à prendre des initiatives quand il voyait que l’on courrait à la perte. On l’avait formé à la guerre comme l’on formerait un apprenti au métier de forgeron. Ahmir pensait tout savoir de ce sujet. Il se trompait. Une nouvelle guerre d’un tout autre genre se profilait à l’horizon. Une guerre de sentiments, une guerre dans une famille. Il était démuni face à cette situation. Voir son frère accroché à sa chope de bière n’arrangeait pas la situation. Ahmir était pourtant fait pour éviter les conflits. Il savait tout ce qu’il y avait à savoir sur ce sujet, sauf la manière de régler un problème de virginité, d’amour et de mariage. Si encore Jon avait choisi une femme destinée à se marier à un autre homme que leur propre cousin, la situation aurait été moins complexe mais définitivement, il savait choisir ses conquêtes. Louise plus qu’une autre. Pour Ahmir, il était clair qu’ils devaient en parler au roi. Barahir était de leur famille, il était également le frère d’Elijah. Il comprendrait que ses cousins veuillent protéger Elijah. Il le faudrait bien. Il s’agissait là de leur unique solution. Ils n’allaient tout de même pas tuer Louise car la seule faute qu’elle avaait commise était de succomber au regard de Jon. Elle n’y était pour rien.

Parfois, c’était à se demander si le cadet des Thoron priait assez les dieux car ils semblaient le suivre avec malice, disposant des obstacles sur son chemin. Et que dire d’Elijah ? Il semblait manipulé par la favorite du roi, voire même amoureux d’elle. Si cela se trouvait, il n’était pas enchanté de se marier avec une femme dont il méconnaissait le nom. C’était un avantage à utiliser. Sans entrer dans les détails de la relation liant Jon à Louise, les frères pourraient l’expliciter à Elijah. Il comprendrait et aurait une raison de plus de refuser le mariage. C’était si simple. « Et que lui diras-tu, à notre cousin royal, pour qu’il me donne Louise pour épouse ? Et que dire à Elijah ?? Simplement que j’aime sa fiancée ? » Jon semblait déjà baisser les bras alors qu’il avait encore une chance. Cela ne faisait que quelques heures qu’il connaissait la nouvelle, il n’était pas trop tard. Cependant, avec une bière entre les mains, il ne parviendrait à rien. Comment pouvait-il rester assis ici alors que sa bien-aimée allait se marier avec un autre homme ? Jon agissait contradictoirement. Ahmir aurait déjà foncé dans la salle du trône afin de demander l’aide de Barahir. Et même si le futur marié était Elijah. « Que suggères-tu ? Que nous attendions qu’Elijah réalise que sa jeune épouse a perdu son honneur et qu’elle lui avoue en pleurs que tu en es le responsable ? » Il valait mieux avouer les faits avant que cela ne s’apprenne, les conséquences seraient moindres. Le mensonge et la cachotterie n’apportaient jamais rien de bon. Leur mère n’avait cessé de le répéter lorsqu’ils étaient enfants. Depuis quelque temps, Ahmir n’était plus un exemple en la matière mais cela ne s’appliquait pas à Jon.

« Et si le mariage à quand même lieu ? Peut-être que le père de Louise ne voudra pas du cousin du roi, alors qu’il était si prêt de son frère. Et si jamais Elijah découvre que Louise n’était pas vierge, qu’est-ce qu’il fera ? » C’était tant de questions pour lesquelles le chevalier n’avait pas encore de réponse. Peut-être était-ce des détails qui auraient dû intéresser Jon avant qu’il ne partage sa couche avec Louise. Ahmir connaissait assez bien son cousin mais était incapable de déterminer sa réaction. Les hommes réagissaient différemment lorsque l’on touchait à leur honneur. La virginité deviendrait un sujet pour tous les courtisans. La nouvelle se répandrait telle une trainée de poudre. Elijah ne serait pas épargné par les moqueries. Quant au père de Louise, Ahmir ne savait même pas qui il était ! Mais il n’était pas difficile de savoir que le père n’accepterait pas que Jon soit présent. Cela valait mieux ainsi. Regarder la femme que l’on aime épouser un autre homme était du domaine de la torture. « Il ne se passera rien de ce genre. Il suffit de faire une demande auprès du roi et de trouver une épouse d’un meilleur rang à Elijah. Crois-moi, Jon, Elijah n’a pas besoin de le savoir. » Ahmir était certain de son idée. Il avait confiance en Barahir.

L’histoire était tellement tordue. Il fallait penser à toutes les personnes touchées par cette histoire. Le principal concerné n’était pas Jon. C’était les familles. N’oublions pas non plus Louise qui porterait une réputation de catin sur ses épaules durant des années. « Qu’en dit Louise ? » Elle avait son mot à dire, sa propre opinion. Il valait mieux que Jon laisse tomber l’alcool pour penser un instant à la jeune femme. Elle devait être plongée dans le même désespoir, la même inquiétude. Peut-être était-elle-même plus inquiète.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.